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A l’aube, tous dormaient, sauf l’enfant et son ami, qui avait déjeuné avec lui.
« Je n’y arrive plus. Non seulement ce que je fais ne donne rien de bon, mais en plus je ne récolte qu’indifférence et même parfois du mépris.
– Pourquoi dis-tu que tu ne fais rien de bon ? »
Alors l’enfant énuméra tout ce qu’il faisait depuis fort longtemps, pour les uns, pour les autres, le matin, le midi et le soir, à la maison et au travail. C’était impressionnant. Il semblait n’y avoir jamais de répit ou de repos.
« Et avec tout ça, personne ne voit tout ce que je fais ; certains l’ignorent. Et ça ne sert à rien, car ils font comme si je n’avais rien fait.
– Pourquoi en fais-tu tant ? D’où cela te vient-il ?
– C’est que je dois le faire, sans quoi je ne tiendrais pas ma place, mon rôle comme il le faut, sinon tout courrait à la catastrophe. Tu ne te rends pas compte ! Si je n’y arrive pas !
– Qu’y a-t-il de si grave qui ne dépend que de toi ?
Il y eut un silence. Puis l’ami reprit :
« Le confies-tu dans ta prière ?
– Oui, je prie depuis très longtemps pour y arriver, pour être plus forte, meilleure. Mais ça ne sert à rien, j’ai l’impression de prier dans le vide. »
Plus tard, l’enfant reçut des aides de ses amis, l’une lui donnant des conseils pratiques, une autre priant pour lui, un autre encore lui transmettant cette prière, pour qu’il la fît sienne :
Seigneur, je me confie moi-même à Toi.
Que ce que je donne soit ajusté à ce que je peux,
et ce que je peux ajuster à ce que Tu me donnes.
Peu à peu, l’enfant s’est mis à louer le Seigneur, à l’aube.
V†G
Illustration : Le Christ dans la maison de Marthe et Marie par Johannes Vermeer, vers 1655, reprise de http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Christ_dans_la_maison_de_Marthe_et_Marie