Vincent et son épouse vous livrent leurs expériences et leur point de vue sur l’adoption. Chers nos lecteurs, merci pour vos visites. Vos avis, vos commentaires seront bienvenus.
JDD : Bonjour Vincent, nous vous avons sollicité pour votre expérience de l'adoption et votre réflexion à ce sujet, dans le contexte du projet de mariage homosexuel. Qu'avez-vous à nous dire à ce sujet.
Vincent : La légalisation du mariage entre personne homosexuel va impliquer de facto le droit d'engager une démarche d'adoption, en commençant, suivant la règlementation actuelle, par l'agrément. Je m'inquiète de cette perspective.
JDD : Pourquoi ?
V : Notre expérience, avec mon épouse, et celles de toutes les familles adoptives que nous connaissons, montrent que l'adoption n'est pas seulement un moyen d'avoir un enfant ou plusieurs enfants, très loin de là.
JDD : Que voulez-vous dire ?
V : Dans la plupart des cas, l'adoption est la rencontre de deux destinées éprouvées : celle de l'enfant d'abord, qui a perdu ses liens familiaux originels, et qui de ce fait est profondément marqué par cette rupture, et les parents qui, bien qu'en situation favorable pour fonder une famille, se trouvent être en incapacité de le faire. Cela dit, même dans le cas d'une adoption par des parents ayant déjà des enfants d'eux-mêmes, l'élargissement d'une famille par l'adoption crée un contexte familiale spécifique, je dirai même à particularité.
JDD : Je ne comprends pas le rapport avec l'adoption par un couple d'homosexuels.
V : Un enfant adopté est profondément marqué, de manière indélébile, par les premières années de sa vie et de la rupture avec ses parents d'origine. Il lui faut porter cette histoire, souvent douloureuse, souvent mal connue voire inconnue, avec l'éternelle question du pourquoi, en ce sens que la perte du milieu familial d'origine est généralement vécue comme une douleur sinon incompréhensible, du moins injustifiable, même quand cela se passe très bien dans la famille adoptive. Par surcroît, cette situation est de plus en plus visible du fait des adoptions interraciales désormais courantes : c'est heureux, mais également stigmatisant à l'égard des congénères de l'enfant, qui ne lui font généralement pas de cadeaux et ignorent tout de ce que peut vivre un adopté. Celui-ci aura dû vivre le déracinement total de son milieu d'origine, la greffe avec ses nouveaux parents - qui est loin d'être instantanée contrairement à ce que certains discours laissent entendre - et de ses frères et sœurs, etc. Tout cela fait de l'enfant adopté un être qui a déjà beaucoup à porter. Or, un couple homosexuel, quand bien même son amour qui le fonde est sincère et authentique, est et restera un couple particulier, dans le sens où il ne peut être le fondement naturel d'une famille, c'est-à-dire fondée sur l'altérité et la différence homme-femme, chacun avec ses caractères masculins et féminins propres. Permettre l'adoption par un couple d'homosexuels, c'est alourdir nettement les particularités que l'enfant adopté aura à assumer - particularités dont il n'est en rien responsable et dont il se serait bien passé - et je dis cela de mes propres enfants adoptés alors que nous sommes une famille assez heureuse. C'est pourquoi, comme je l'ai entendu de la bouche de certains homosexuels, il est de loin préférable de laisser l'adoption à des parents formant un couple homme-femme : l'intérêt de l'enfant prime sur le désir de normalité des prétendants à la parentalité. C'est valable pour les couples hétérosexuels. Assumer son homosexualité, c'est aussi accepter cela, plutôt que rechercher à être identique en tout aux hétérosexuels. Il me semble que la plupart des homosexuels, précisément parce qu'ils connaissent ce que signifie vivre une particularité, devrait comprendre cela plus facilement pour les enfants adoptés.
V†G
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