Darius est peut-être un roi perse trop sympa finalement. Les Juifs n’ont plus besoin de se soucier de Dieu et de leur avenir. Le prophète vient alors comme le cri de Dieu, le cri du pauvre. Dieu, c’est le Pauvre qui vient nous déranger, car il a trouvé un jour en nous un espace pour s’inviter. C’est peut-être pour cela que Dieu n’a pas trop la cote dans les pays riches. Pendant que certains se dorent dans une vie luxueuse, d’autres sont là, tout proches, ignorés, et peu ont vraiment envie de les accueillir, migrants, SDF, personnes âgées isolées, … Croire en Dieu, c’est dangereux, ça ouvre la porte au Pauvre, Dieu, et à ses pauvres ; ça réveille la conscience, l’oreille du cœur. Je le reconnais, il y a des jours où je n’ai pas le cœur à eux.
Mais savons-nous, sais-je, qu’une oreille qui s’ouvre au Pauvre fait connaître la Joie ? « Allez rapporter du bois pour la maison du Seigneur ». Priorité à une maison qui ne sert à rien et ne retire aucun bénef ! Notre vie, c’est qu’il ait une demeure, Lui, Dieu, le Pauvre ; et notre cœur trouvera alors lui aussi une place. « Je prendrai plaisir à y demeurer », dit Dieu. La terre devient alors une arche de Noé où se vit la Rencontre. Chacune, chacun, existe et trouve grâce avec et devant toutes les créatures. Ce jour, c’est quand l’avion cédera la place au train ou au bus, c’est quand la violence cédera la place au dialogue. C’est quand nous chercherons à voir Jésus non par inquiétude de voir s’effondrer notre pouvoir et notre aura, comme Hérode, mais quand nous l’accueillerons, comme Zachée, dans notre être pécheur qui ne connaît pas encore la Joie. Là est le grand Saut à recevoir. La résurrection n’intéresse pas Hérode, mais le Pauvre l’intrigue, qui réveille son méfait avec Jean le baptiste. Jésus ne le fait pas descendre de son piédestal, car Dieu ne peut entrer que dans sa ressemblance.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Ag 1, 1-8 ; Ps 149, 1-2, 3-4, 5-6a.9b ; Lc 9, 7-9