Le bonheur est un horizon. Seul peut le connaître quelqu’un qui « met sa foi dans le Seigneur et pas dans un mortel », dit Jérémie. Une telle personne, Luc le nomme un« pauvre » : « heureux, vous les pauvres ». Tandis que les riches ont déjà leur consolation. Pour eux, il n’y a plus d’autre chemin de vie à découvrir. Les pauvres, eux, sont sur le Chemin de vie, celui d’une conversion, d’un état d’esprit nouveau. Ils sont ces « pèlerins d’espérance » qui viennent à Celui qui donne la joie d’un cœur nouveau. Le bonheur n’est pas un état de vie, il est une disposition qui ouvre à la joie de Dieu. Il est certaines confessions qui manifestent la béatitude des pauvres, quand par exemple, arrivant comme une âme sèche un peu lasse de confesser toujours les mêmes péchés, la personne repart légère, le visage ouvert, debout, car elle a reconnu être aimée et appelée par son nom, un nom nouveau qui l’envoie au milieu du monde, entamer un pèlerinage de l’espérance ! Appelée par un Dieu qui ne lui demande pas d’être parfaite comme elle l’imaginait, mais d’aimer la vie présente comme le Seigneur a aimé cette terre (cf. psaume 84). Heureux, vous les pauvres !
Dieu se reconnaît en eux qui viennent à Lui pour l’entendre et rechercher une guérison. Et je suis guéri-e quand je suis debout, plein de gratitude pour Celui qui me met en route et que je désire servir, d’une manière qui requinque et Dieu et moi ! Le bonheur n’est pas un rêve, il est consentement au réel. Il n’est pas derrière ni devant, envié, il est mouvement, quelques pas de danse, communion avec le Vivant. Les pauvres ont soif de « la Parole », une parole en acte qui se fait attention pour les autres. En ce sens ils ne sont « pas du monde », et pleinement dedans. Il leur est donné de se relever et de « suivre le Christ » en tout ce qui fait leur vie. Ils n’ont jamais trouvé de lieu où s’installer, de vie où se dorer, car leur demeure est là où l’Esprit les conduit. Ils cherchent la joie de Dieu, guetteurs, tournés vers l’Eau du ruisseau et un fruit à porter. « Ils n’entrent pas au conseil des méchants » Pour eux, c’est plus précieux que de se faire encenser par les hommes, ce que je n’aurais jamais pensé si le Seigneur n’était passé !
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Jn 17, 5-8 ; Ps 1, 1-2, 3, 4.6 ; 1 Co 15, 12.16-20 ; Lc 6, 17.20-26
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