Dimanche 16 février 2025 : 6ème dimanche du Temps ordinaire, année C

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 15 Février 2025, 20:45pm

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Les textes du jour semblent nous parler de dualité. Mais, il ne faut pas se laisser entraîner sur cette pente glissante. C’est un peu trop simpliste et l’on en tire très peu de fruits.

Être pauvre n’est pas un horizon. Être un riche n’est pas un péché.

Quand je vois ce que fait la fondation Mélinda & Bill Gates pour l’Afrique à partir de leur immense fortune issue de Microsoft, pour éradiquer la malaria dans certains pays d’Afrique, dans des programmes de promotion de la gent féminine dans ces contrées, alors on se dit que l’on aimerait avoir d’autres entrepreneurs de cette trempe.

Évidemment, tous les milliardaires ne font pas comme les Gates. Nous ne pouvons pas généraliser.

Nous connaissons aussi des gens pauvres socialement ou émotionnellement, parfois en costume trois-pièces, d’autres fois très négligés, mais ces gens sont de viles personnes. Là non plus, nous ne pouvons pas généraliser.

Une fois écartés ces malentendus, nous pouvons maintenant essayer de trouver une interprétation qui nourrit l’âme et qui fait envie.

Il me semble que les textes nous parlent plutôt de l’axe. Les textes nous parlent du choix du Bien qui confère l’équilibre dans la vie.

Les béatitudes de Luc sont un discours de la plaine, tandis que chez Matthieu c’est un discours de la montagne. En outre, Luc se contente de quatre béatitudes quand chez Matthieu il y a neuf.

Néanmoins, la première béatitude est la même. Rappelons-nous que Jésus s’adresse à la foule en araméen. Dans le texte araméen, « vous qui avez le bien » est un sémitisme qui se traduit en grec par « heureux ». Il se produit toujours le même phénomène. Quand on traduit des formules idiomatiques dans une autre langue, il y a de la perte et parfois même du contresens.

Luc transcrit « vous avez le Bien, vous les pauvres ». Chez Matthieu, la formule est plus complète et moins sujette à la méprise. « Vous avez le Bien, vous les pauvres en Esprit », ou « vous qui êtes emportés par le souffle de l’Esprit » ou « vous qui n’opposez pas de résistance à la mouvance de l’Esprit de Dieu ».

Ou alors, on pourrait dire plus simplement « vous avez le Bien », alors, vous êtes dépris de vous-même comme le Christ était dépris de volonté propre, car vous voulez faire la volonté de Dieu, aller là où il vous envoie, délier ceux qui sont captifs, être sa présence là vous êtes en service.

Nous avons tous été marqués par l’une ou l’autre personne qui nous ont fait du bien sans le savoir et que nous n’oublierons jamais.

Ensuite vient l’expression du dépit. Alors, il est dit « j’ai mal pour vous, vous qui êtes repus maintenant ».

L’idée est la suivante. Si votre Bien est une chose, alors vous êtes à plaindre, car votre vocation humaine vous appelle à devenir ce que vous êtes en puissance. La bonne nouvelle c’est que le Bien n’oblige pas.

À partir de là, nous pouvons entendre les exhortations de Jérémie ou du psaume 1, qui disent la même chose.

« Heureux est l’homme qui choisit la parole de Dieu ou le Bien, car le chemin des impies ne mène nulle part »

Ou alors, Paul évoque le Bien qu’est le Christ, car c’est à partir de sa trajectoire que nos intuitions deviennent réalité.

Nous, Homo sapiens, depuis le paléolithique supérieur, nous avons la certitude d’être des vivants et n’ont pas seulement d’être en vie.

Nous recevons la confirmation de cette intuition et sa logique, le déroulement des évènements à partir de la trajectoire du Christ et de sa résurrection. Faute de quoi, nous en serions encore à cette hypothèse tenace, mais une hypothèse qui fait que la trajectoire humaine resterait sous l’effet d’un coup de dés, comme disait le poème de Stéphane Mallarmé.

Roland Cazalis, compagnon jésuite

Jn 17, 5-8 ; Ps 1, 1-2, 3, 4.6 ; 1 Co 15, 12.16-20 ; Lc 6, 17.20-26

Prière - Fête de la Saint Valentin - 14 février 2025

6ème dimanche du Temps ordinaire, année C : Le bonheur et les pauvres