Le désert était là au 1er dimanche. Le voilà qui revient. Ils en avaient plus qu’assez, du désert, à Massa et Mériba ! A-t-il disparu depuis ? Pas sûr, quand on éprouve les déserts d’humanité autour de soi. Notre entourage, notre société, notre Eglise, nous désaltèrent-ils ? « On a soif ». J’ai soif. Que de déserts à traverser ! Désert de l’avenir des retraites, on a soif et personne pour nous entendre ! Déserts de la planète, on a chaud, on a soif, et on n’a que guerre et sécheresses à manger, personne pour nous donner autre chose ! Le temps béni où l’évangile me saisissait, est-il passé ? J’ai soif.
Les déserts les plus durs sont ceux que nous nous créons nous-mêmes et où je me terre. Mais quelqu’un est passé et a rencontré une Samaritaine. « L’eau que je lui donnerai deviendra source jaillissant en vie éternelle ». L’as-tu entendu te murmurer cela ? A côté de nous coule une eau que je ne vois pas. Je ne l’entends pas. Elle a un nom : « l’eau-que-JE-lui-donnerai ». La Samaritaine a fini par la trouver. Ce n’était plus l’eau des corvées, à puiser. D’ailleurs elle a laissé sa cruche. C’était une eau qui lui donnait de s’aimer telle qu’elle était, une eau qui lui révélait sa vraie soif. Et cette eau est devenue torrent, rejointe par les soifs de tous les villageois qu’elle venait appeler. L’eau que je lui donnerai, elle l’a bue, sa vie s’est allégée. Le désert n’était plus qu’extérieur. Le torrent, c’était ce flot déclenché de foi de ces gens de partout. Ils crurent en Jésus. Et croire, c’est boire cette eau spéciale, « l’eau-que-JE-lui-donnerai ». Les rebelles de Moïse, il vous a manqué une Samaritaine pour venir vous chercher. Elle vous aurait montré encore mieux qu’un bâton sur un rocher. C’est vrai, on a des crânes, c’est des vrais cailloux, du rocher, dur de dur, et quelques coups de bâton peuvent l’ouvrir. Mais là, un autre est passé, et elle a bu une eau vive, jaillissant en vie ! En nous, en moi, cailloux, rocher, désert, impies fermés à l’espérance, sans paix, « l’eau que je lui donnerai » s’est frayée un passage. C’est le mystère de Pâques.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Ex 17, 3-7 ; Ps 94 (95), 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9 ; Rm 5, 1-2.5-8 ; Jn 4, 5-42