Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas

Publié par Père Roland Cazalis sur 17 Novembre 2018, 23:17pm

Catégories : #homelie_cazalis

Les textes du jour sont caractérisés par un genre littéraire dit apocalyptique ou de révélation.

On peut dire aussi que le premier texte inspire le second (1ére lecture et évangile) ; d’ailleurs, ils utilisent le même vocabulaire.

En dépit d’un vocabulaire pessimiste en début de texte qui parle de « temps de détresse », il s’agit bien d’une bonne nouvelle.

On peut percevoir dans le texte de Daniel une allusion, à savoir, la première manifestation dans l’Ancien Testament d’une théologie de la résurrection des morts et de la vie éternelle.

Avant le temps de la Révélation, l’humanité est avec elle-même, avec ses intuitions et perceptions. L’humanité est comme dans un long monologue où elle est juge et parti, mais toujours dans l’expectative.
Quand on entre dans le temps de la Révélation, alors survint une parole d’ailleurs, une voix qui vient interrompre le monologue ; commence alors un dialogue, et c’est l’avènement du judaïsme.
C’est l’avènement de la rencontre pour laquelle nous sommes faits. Elle advient  avec l’initiative divine.
Alors, l’idée de la résurrection des morts et de la vie éternelle paraît tel un bourgeon émergeant du sol. D’autres bourgeons vont apparaître de la même manière.

Voilà toute l’histoire de la Révélation qui prend son temps. C’est le temps de Dieu, mais aussi, et surtout le temps de l’humanité, le temps pour que l’Homme se reconnaisse fils et fille de Dieu.

Dans l’évangile, le message se précise. Il s’agit de la venue du fils de l’homme.
Même si le cosmos est ébranlé, il faut se fixer, non sur le cosmos, mais sur le fils de l’homme, qui est à votre porte, comme l’annonçait Jean le baptiste.
Si l’on se fixe sur le cosmos ébranlé, alors on est déstabilisé, et l’on se retrouve avec soi-même, comme avant la Révélation.

Il est dit que cette génération ne passera pas avant que cela n’arrive.
Par génération, nous pouvons entendre l’humanité. Voilà une raison d’espérer. Voilà une bonne nouvelle qui annonce que le destin de la création ne se réduit pas aux lois du cosmos.

En conséquence, l’humanité ne sera pas éteinte avant que cela n’arrive.
Nous savons que les espèces peuvent disparaître ou connaître l’extinction.
Il y eut déjà cinq grandes extinctions depuis le début de l’histoire du vivant. Mais chaque fois, la vie rebondit, plus forte, plus complexe. Naturellement, le rebondissement n’a pas lieu à l’échelle de l’individu ou d’une espèce donnée. On ne peut pas tout avoir…

L’humanité se présente comme la seule espèce capable de provoquer sa propre extinction.
Sur ce point, l’on joue souvent à se faire peur, par l’usage malin, c.-à-d. l’usage non vertueux des connaissances et des innovations techniques.
Néanmoins, la menace la plus sournoise et la plus effective reste toujours la même. Il s’agit encore et toujours de la tentation d’asservissement de ceux et celles qui manquent de vigilance et de recul.
C’est très facile, comme le fait de livrer toute sa vie privée à Google. Mais en échange de quoi ?
C’est toujours la même histoire de la tentation au désert. Les tentateurs sont toujours aux aguets en se métamorphosant au gré de l’histoire de l’évolution culturelle.

L’humanité ne sera pas éteinte avant que cela n’arrive.
Néanmoins, il ne faudrait pas que l’humanité soit asservie par quelques grands groupes, ou par ses propres créations.
Les innovations techniques ne font que commencer. Et l’on commence tout juste à entrer dans l’ère de la robotique, de l’IA, et de tout ce qui viendra par la suite.

Par rapport à ces innovations, on cherche à poser des garde-fous, à injecter de l’éthique dans le processus pour éviter l’asservissement du citoyen ou du consommateur.
L’éthique arrive toujours avec un temps de retard, comme si les créateurs n’étaient pas capables, spontanément, de vouloir le bien de l’humanité et de la société ; comme si ce n’était pas leur premier réflexe, car il faut sans cesse passer derrière avec des recommandations éthiques.
Or, dans le nouvel ordre mondial qui est en train de sortir de terre, il ne doit pas s’agir uniquement d’écologie, au sens trivial de la nature, mais bien d’écologie au sens étymologique du terme, en l’occurrence les règles du savoir-vivre ensemble, sur la même planète qui est la maison commune.
En ce sens, vouloir le bien commun doit devenir le premier nouveau commandement de toutes les initiatives, de toutes les applications des connaissances nouvelles, biotechnologies, informatiques, financières, etc.
Dans le commencement, Dieu désire le bien commun, le bien de l’humanité. Il nous revient d’acquérir cet état d’esprit dans ce que nous entreprenons.

Père Roland Cazalis
Dn 12, 1-3 ; Ps 15 (16), 5.8, 9-10, 11 ; He 10, 11-14.18 ; Mc 13, 24-32
Merci Quy Hùng & Nhât Anh pour cette photo

 

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