Jean 16, 29-33
En ce temps-là, les disciples de Jésus lui dirent : « Voici que tu parles ouvertement et non plus en images. Maintenant nous savons que tu sais toutes choses, et tu n’as pas besoin qu’on t’interroge : voilà pourquoi nous croyons que tu es sorti de Dieu. » Jésus leur répondit : « Maintenant vous croyez ! Voici que l’heure vient – déjà elle est venue – où vous serez dispersés chacun de son côté, et vous me laisserez seul ; mais je ne suis pas seul, puisque le Père est avec moi. Je vous ai parlé ainsi, afin qu’en moi vous ayez la paix. Dans le monde, vous avez à souffrir, mais courage ! Moi, je suis vainqueur du monde. »
Nous sommes à la fin du temps pascal… se profile de plus en plus le temps ordinaire, notre présent quotidien, à vivre pour chacun de nous, riche du cheminement pascal, redéployé en ce temps liturgique, qui allait du Fils ressuscité de l’octave pascale à la promesse pour tous de la pentecôte. Un parcours où nous, croyants, trouvons, toujours davantage, notre place véritable en nous-mêmes, entre Toi et tous nos frères et toute nos sœurs… Il s’agit de vivre pleinement notre présent, de creuser notre rapport à ton mystère, de parler autrement à nos frères et à nos sœurs.
Alors, pour aujourd’hui, il s’agit peut-être simplement pour chacun de nous d’entendre vraiment ta promesse, de l’entendre pleinement : « Dans le monde, vous avez à souffrir, mais courage ! Moi, je suis vainqueur du monde. » Nous sommes à la dernière semaine du temps pascal, entre Ascension et Pentecôte, la promesse finale pourra être reçue ensuite, celle de l’unité universelle qui est toujours au-devant de nous, tout au long de l’histoire.
A partir de quoi cette unité, peut-elle avancer en nos vies, en nos existences ? Comment aller de notre sept humain au huit éternel. Notre sept à vrai dire est toujours bien décousu comme jadis pour la multiplication des pains… c’était cinq pains et deux poissons. C’était un rien du tout, un tout petit peu pour la foule immense et affamée mais ce petit peu a été offert, donné et partagé et, de là… il est devenu le plein avec abondance, réjouissance et satiété pour la foule.
Aujourd’hui, pour chacun de nous, il s’agit d’abord, là où il est, de jeter le filet pour attraper quelque chose de la nourriture de la voix de ta présence dans le passé de ta parole proclamée. « Voici que tu parles ouvertement et non plus en image ». Travaille alors ta parole en nous pour notre aujourd’hui. A vrai dire, c’est nous, en fait, qui nous mettons à entendre ce que tu nous dis depuis le commencement… Une parole qui nous rejoint là où nous sommes, parce qu’elle est portée par ta voix qui s’adresse à nous aujourd’hui, qui nous reconnaît, qui nous suscite.
La situation, notre situation ? Oui elle est ainsi et nous y consentons maintenant, nous la contemplons telle qu’elle est… Aujourd’hui, encore il y a : divisions, dispersions, souffrances, abandons en chacune de nos vies… Mais la promesse, ta promesse aussi est là : celle qui accueille notre aujourd’hui comme tous les aujourd’hui de l’histoire du monde, celle de ta victoire. Quelle est-elle donc cette victoire si ce n’est la renaissance sempiternelle de la faible mais vivace espérance en chacun de nos cœurs…
La forme concrète qu’est appelée à prendre cette espérance ? C’est celle du pauvre rassemblement de ce que j’ai, de mes cinq pains et de mes deux poissons… ils forme un sept mal agencé et de guingois mais qui peut être offert. Alors avec Toi, ton action, ta bienveillance, ces pauvres porteurs éléments du sept de ma vie, du tout de ma pauvre vie, parviendront au huit et au douze, le huit celui de la résurrection et le douze celui de la plénitude eschatologique… Nous le croyons et la Vie véritable, ta vie, avance en nous et dans le monde… se réalise l’œuvre de Dieu. Oui, Amen, Alléluia… Mon aujourd’hui devient pascal, passage… Je suis pleinement présent à mon aujourd’hui ouvert à ta promesse pour tous.
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite