Zachée, je le trouve plutôt sympa comme ça. Pourtant c’est un pompeur de fric au service du pouvoir envahisseur, et lui-même doit en mettre dans ses poches. Donc dehors, Zachée ! J’aurais sans doute récriminé comme les autres. Mais tu es qui, Jésus, pour aller chez un mec pareil ? Ni Zachée ni Jésus ne semblent arrêtés par nos réactions. « Le Fils de l’Homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ». Sauver un escroc ?! Si le Fils de l’Homme, en qui Dieu et l’humain viennent se révéler, c’est ça, je comprends que Dieu peine à trouver place chez les humains ! « Aujourd’hui, le salut est venu pour cette maison ». Qu’est-ce qui était perdu ? Qu’est-ce qui est à sauver ? Seul un cœur qui se pose et qui s’ouvre le saura.
Depuis son baptême, Jésus ne fait que passer, ici, là, il passe, jusqu’à ce qu’un « truc » l’arrête, un de nos petits écarts qui disent une soif, un goût d’une autre vie. Comme ce drôle d’oiseau qui va se percher sur un arbre, ou plus tard, cet aveugle, Bartimée, qui redouble de cris. Zachée ne sait pas ce qu’il cherchait en voulant « voir Jésus ». Heureusement, il est petit, ça le pousse à grimper. « Zachée, descends vite, il me faut aujourd’hui demeurer chez toi ». Ce qui était perdu, c’était la joie, la joie de parler, la joie de se laisser rencontrer en vérité, sans les défenses habituelles, en paix devant les hommes, la joie de naître enfin ! J’ai escroqué, je me cachais derrière un rôle ; je n’avais pas trouvé la vie, je ne la connaissais pas. Un autre me la révèle. Ce qui empêchait de l’accueillir, ce sont tous nos regards habitués que nous portons les uns sur les autres. Ils nous enferment dans des personnages à jouer. En passant, Jésus révèle aux malades et pécheurs le désir de naître, et ce qui étouffe ce désir.
Un être vivant, un peuple vivant, nous dit la Sagesse, se laisse aimer tel qu’il est, il se laisse créer, recréer, appeler, son cœur se pose et s’ouvre à une conversion possible en lui. Mais toi, Jésus, le Fils de l’Homme, qui passe et repasse, trouveras-tu un Zachée qui te révèle ?
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Sg 11, 22 – 12, 2 ; Ps 144 (145), 1-2, 8-9, 10-11, 13cd-14 ; 2 Th 1, 11 – 2, 2 ; Lc 19, 1-10