Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Dimanche 16 avril 2023

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 15 Avril 2023, 22:24pm

Catégories : #homélie_cazalis

Dans l’Évangile de Jean que nous venons d’entendre, il est écrit :
 
«Il y a encore beaucoup d’autres signes
que Jésus a faits en présence des disciples
et qui ne sont pas écrits dans ce livre.
    Mais ceux-là ont été écrits
pour que vous croyiez
que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu,
et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom »
 
Dans l’optique de Jean, il ne s’agit pas d’opinion, ou d’être pour ou contre à l’instar d’options politiques qui sont déjà des réalités assez passionnelles.
 
Il s’agit de l’identité de Dieu et par conséquent, de la nature de notre monde et de notre réalité d’humain et par rapport à cela, d’accorder ou pas notre confiance.
 
Thomas de l’évangile veut vérifier la corporéité du Ressuscité, ou sa réalité matérielle avant de croire, c.-à-d. avant d’accorder sa confiance.
 
Alors, le Ressuscité se montre à lui, il accède à sa demande. Il ne laisse pas Thomas dans le doute.
 
Néanmoins, cette preuve matérielle n’est pas le chemin que préconise le Ressuscité. En effet, ce n’est pas celui que nous empruntons aujourd’hui.
 
Le chemin, c’est l’Esprit. L’Esprit qui éclaire notre esprit et notre cœur. Ceci est très différent du chemin de la preuve.
 
Il s’agit donc d’un chemin de vie que l’Esprit rend possible. Donc, la démarche n’est pas : j’ai une preuve ponctuelle à l’instant t dans mon histoire et à partir de là, je donne ma confiance et j’avance.
 
La démarche, c’est l’Esprit qui habite mon cœur en permanence et me donne d’avancer dans la vie dans la confiance. L’Esprit me donne la confiance et me permet d’avancer dans la vie avec une certitude que nous désignons par le mot « Paix ».
 
La relecture de ce mouvement me permet de reconnaître les petites pierres blanches de ma trajectoire.
 
Le tout est d’entrer dans la démarche, d’initier le mouvement. Et là, un événement ponctuel dans mon histoire peut m’y aider ; un petit ou grand événement peut me faire prendre un tournant.
 
Prenons un exemple de ce mouvement de vie décrit dans la première lecture.
 
Les tout premiers chrétiens sont de culture juive. En cela, ils font une adaptation chrétienne des trois piliers de la vie religieuse d’après la Michna (réflexions des rabbins sur la Torah. Ils composent une partie du Talmud (IIIe siècle apr. J.-C.)).
Les trois piliers sont la Thora, le service divin et la bienfaisance.
 
La Thora est alors associée à l’interprétation du Christ des Écritures. S’il y a quelqu’un à savoir interpréter la Thora c’est bien le Christ, car c’est de lui que parle la Thora. L’enseignement des apôtres prend le relais de l’interprétation du Christ, car les apôtres ont reçu l’Esprit pour cela.
 
Le service divin est associé à l’eucharistie ou la fracture du pain et les prières personnelles et communautaires.
 
La bienfaisance ou le prendre soin d’autrui est associée à la communion fraternelle de sorte que personne ne soit laissé dans le besoin ou de côté. Par la suite, la bienfaisance dépassera les limites de la communauté.
 
Les trois pratiques débouchent sur une forme de fraternité. Quand les trois exercices spirituels sont pratiqués avec assiduité et sincérité, alors ils donnent des résultats visibles.
 
En effet, quand on se rapproche de Dieu, on se convertit, car c’est Dieu lui-même qui nous bonifie et nous devenons davantage ce que nous sommes.
La conversion n’est rien d’autre que de l’humanisation, le devenir plus humain ; l’ultra humanisation. Ce fait nous donne une indication sur la structure de notre monde et le fait de donner notre confiance au Seigneur en nous engageant dans la durée avec d’autres.
 
Ainsi, quand Luc décrit les premières communautés chrétiennes, il ne brosse pas un tableau idyllique, digne d’admiration, mais hors de notre portée.
 
La pratique des exercices spirituels précités a donc une effectivité réelle.
Avec ces trois exercices spirituels, nous avons un cadre pour que la fraternité émerge dans les communautés paroissiales. Bien entendu, cet événement n’a rien à voir avec de la logistique de regroupement de paroisses pour gérer la pénurie de clergés.
 
Auparavant, l’on disait qu’il fallait d’abord accepter le Christ comme Seigneur pour devenir membre de la communauté afin de participer à la fraction du pain et de prendre part à la bienfaisance.
 
Aujourd’hui, la participation à la bienfaisance, c.-à-d. faire quelque chose avec d’autres pour autrui est un chemin pour envisager les deux autres exercices. Et pour cela, il faut une communauté, donc un groupe constitué et à taille humaine, capable d’accueillir ces nouveaux « apprentis » et qui manifeste la Paix au milieu de nous. 
 
Roland Cazalis, compagnon jésuite
Ac 2, 42-47 ; Ps 117 (118), 2-4, 13-15b, 22-24 ; 1 P 1, 3-9 ; Jn 20, 19-31
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