Mc 16, 9-15 Homélie du samedi 15 avril 2023

Mc 16, 9-15 : Ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, Jésus apparut d’abord à Marie Madeleine, de laquelle il avait expulsé sept démons. Celle-ci partit annoncer la nouvelle à ceux qui, ayant vécu avec lui, s’affligeaient et pleuraient. Quand ils entendirent que Jésus était vivant et qu’elle l’avait vu, ils refusèrent de croire. Après cela, il se manifesta sous un autre aspect à deux d’entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne. Ceux-ci revinrent l’annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus. Enfin, il se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu’ils étaient à table : il leur reprocha leur manque de foi et la dureté de leurs cœurs parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient contemplé, étant « ressuscité ». Puis il leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. »

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Durant tout l’octave, nous avons entendus des récits d’apparitions. Demain, dimanche, il y aura encore un nouveau récit d’apparition avec la figure de l’absent revenu, Thomas le didyme. A chaque fois pour recevoir plus profondément le Ressuscité, quelque chose nous a été ainsi suggéré : d’abord lundi il nous a été proposé de veiller à prendre distance des faux témoins aussi bien extérieurs qu’intérieurs à nous. Avec Marie Madeleine, mardi, nous avons perçu la nécessité que notre humanité profonde puisse être touchée. Avec les pèlerins d’Emmaüs, mercredi, la perception de la nécessité qu’un vrai chemin de l’intelligence s’ouvre en nous pour recevoir ce qui se donne depuis toujours et qui s’est manifesté pleinement par la mort et la résurrection du Seigneur. Jeudi, avec le retour à Jérusalem des pèlerins, nous nous sommes ouverts à la manifestation du Ressuscité au collectif. Puis, vendredi, avec la pêche sur le lac, il nous a été donné d’envisager la nécessité de ce temps gratuit de proximité silencieuse, au-delà de toute réflexion, pour que nous recevions la bonne nouvelle de la Résurrection…

Aujourd’hui, samedi, c’est un accent différent qui est mis dans l’enseignement de la Parole Dieu puisqu’en écoutant l’évangile de Marc, nous sommes appelés à recevoir l’effet que produit, chez le collectif des apôtres, une mise en commun de plusieurs scènes d’apparition. La comparaison donne de comprendre ce qui se joue au travers de ces apparitions successives, de situer notamment l’enjeu qui concerne la transmission de la bonne nouvelle de la résurrection du Seigneur avec l’attitude qui doit habiter le témoin lorsqu’il l’annonce à d’autres.

L’apparition du Ressuscité produit, comme mise en action chez le témoin, un « aller » joyeux et dynamique vers les autres disciples à partir de la joie produite par sa reconnaissance du Christ ressuscité. C’est le cas aussi bien pour Marie Madeleine que pour les pèlerins d’Emmaüs… un « Aller vers » qui se solde, à vrai dire, par un relatif échec : la parole du témoin n’est pas reçue par les disciples. Elle ne le sera en fait que lorsque le Seigneur lui-même leur apparaîtra directement. Le Seigneur leur reprochera d’ailleurs et leurs cœurs fermés et leurs manques de foi. Eux qui reçoivent, dans le même mouvement, la mission d’être les témoins dans le monde entier de la Résurrection. Dès lors cette difficulté devient pédagogique, il est donné aux apôtres de mieux percevoir leur place et leur rôle. Ils ne sont pas porteurs de la résurrection mais de la capacité à la reconnaître déjà en œuvre chez ceux qu’ils rencontrent. Ce dont nous pouvons nous aussi en faire l’expérience notamment dans l’accompagnement. Le Seigneur Ressuscité nous précède toujours et notre action consiste à attester de sa présence.

Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite