Jardinier de Dieu

Jardinier de Dieu

Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Dimanche 14 janvier 2024 - 2e dimanche ordinaire, année B

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 13 Janvier 2024, 20:29pm

Catégories : #homelie_cazalis, #homélie_framond

Nous avons deux beaux textes pour ce retour au temps ordinaire.
Le récit de la révélation de Dieu à Samuel par la médiation d’Élie et les disciples de Jean qui découvrent le messie par la médiation de Jean-Baptiste qui le quittent pour voir où demeure l’Agneau de Dieu, le Rabbi annoncé, par la médiation de Jean Baptiste.
Élie et Jean Baptiste sont des passeurs. Ce terme a mauvaise presse aujourd’hui, car il est lié à aux trafics humains et à l’exploitation de la pauvreté des gens qui ont une espérance folle dans un eldorado hypothétique.
Néanmoins, le passeur est celui qui vous fait passer le gué, celui qui vous fait franchir la montagne ou l’obstacle infranchissable par vous-même pour que vous entriez dans la zone de vie.
 
Être un passeur, voilà le beau rôle des parents, des éducateurs, de toutes celles et tous ceux qui aident les jeunes gens à accorder leurs sens pour qu’ils soient en harmonie avec la musique du monde de la vie.
 
Ici, Élie initie le jeune Samuel à discerner la voix de Dieu parmi les divers bruits de fond du monde.
Jean-Baptiste est le passeur qui dirige ses disciples vers celui vers qui il faut aller maintenant.
Ce n’est pas banal comme situation.
En revanche, quand l’ego est aux commandes et non pas l’Esprit de Dieu, alors les jeunes gens risquent de rester captifs des lieux qui ne correspondent pas à leur lieu de croissance.
Si vous connaissez le film « Le festin de Babette », vous reconnaîtriez sans difficulté un exemple de passeur qui se sert au passage en la figure du pasteur austère et ses paroles inhibitrices. Il séquestre ses deux filles, afin qu’elles restent avec lui. En face, il y a Babette qui était cheffe au Café de Paris. Elle est réfugiée dans la famille du pasteur sur la côte danoise pour fuir Paris et la répression de la Commune. Avec la somme qu’elle vient de gagner à la loterie nationale, elle offre un festin aux filles du pasteur et autres invités, comme une invitation à retourner à la vie, car la vie n’a pas de prix.
 
Voilà pourquoi Jean-Baptiste dit à ses disciples « voici l’Agneau de Dieu », « allez avec lui », « allez vers vous-mêmes », car c’est là que le présent et le futur se jouent désormais.
 
Vous avez sans doute remarqué que l’appel des premiers disciples dans l’évangile de Jean diffère quelque peu de l’appel des premiers disciples dans les synoptiques.
 
Dans ces derniers, on décline leur identité, leur profession. Puis, l’appel du Christ retentit. On dénote alors la puissance radicale de l’appel du Christ.
Chez Jean, l’appel est formulé dans un contexte postpascal et c’est le ouï-dire, le témoignage des gens qui renseigne ces chercheurs de Dieu et leur permet de trouver le Messie.
 
Les deux versions sont vraies, tout dépend du lieu d’où l’on parle.
Merci à l'auteur de cette image
Les chercheurs de Dieu demandent « Maître, où demeures-tu ? »
 
Ils posent cette question, car Dieu est entré dans l’humanité et sa seule présence en nous induit la quête de son visage.
Jésus leur répond « venez et vous verrez ».
Il faut cheminer, il faut marcher, il faut descendre au fond de soi, au fond de son humanité, pour voir où il demeure et rester avec lui.
 
D’ailleurs, où pourrions-nous demeurer avec le Messie sinon dans notre humanité, dans notre corps et avec les autres? Voilà ce que nous rappelle la deuxième lecture. Nous sommes des corps et c’est là notre noblesse, voilà pourquoi nous en prenons soin.
 
Voilà pourquoi nous célébrons aujourd’hui ici. Nous célébrons aussi la noblesse de l’humanité, la noblesse de ce que nous sommes.
 
Aujourd’hui, la démarche que décrit Jean correspond davantage à notre contexte, quant à nous, car c’est notre action en tant que passeurs qui fait dire aux chercheurs de sens de notre temps, « où demeure-t-il, celui qui vous met en mouvement, celui dont vous tenez le mouvement ? »
Comment rencontrer le sens dont vous semblez être les porteurs, les passeurs, tandis qu’il vous donne le mouvement ?
 
Les chercheurs de sens posent cette question parce qu’ils ont perçu le mouvement et la présence de quelqu’un derrière ce mouvement.
Alors, nous pourrions répondre, en toute humilité, « venez et vous verrez ».
 
Roland Cazalis, compagnon jésuite
1 S 3, 3b-10.19 ; Ps 39 (40), 2abc.4ab, 7-8a, 8b-9, 10cd.11cd ; 1 Co 6, 13c-15a. 17-20 ; Jn 1, 35-42
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