Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


"Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes !" - Dimanche 26 septembre 2021

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 26 Septembre 2021, 07:58am

Catégories : #homelie_cazalis

J’aime beaucoup la formulation de Moïse :
 
 « Serais-tu jaloux pour moi ? »
 
Cette question commence par « serais-tu jaloux ? », peu importe de qui ou pour qui.
 
Mais être jaloux pour quelqu’un, c’est vouloir protéger les privilèges de cette personne, et surtout tout faire pour empêcher qu’un autre ait les mêmes privilèges.
 
Cela révèle l’ambiguïté dans le cœur de Josué qui transparaît dans ses mots, entre admiration et jalousie de Moïse.
 
Nous sommes tous des humains. Son heure viendra où il aura à prendre la succession de Moïse, et il n’est point besoin de défendre les privilèges de Moïse.
 
 
Moïse, au contraire, révèle le cœur de Dieu qui est sans ambiguïté :
 
« Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple, un peuple de prophètes !
Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux ! »
 
« Faire de son peuple un peuple de prophète », ou plus directement, que son Esprit repose sur tout le peuple.
 
La conjonction de subordination « si » de Moïse montre que le futur est ouvert, et qu’il y a un appel pour que ce futur se réalise que ce possible advient. Et il adviendra.
 
 
Nous retrouvons la même structure dans l’évangile de Marc, dans lequel, Jean veut empêcher d’agir celui qui expulse les démons au nom du Christ.
 
Cet homme a apparemment tout compris. C’est le nom du Christ qui sauve.
 
Auquel cas, cet homme est avec le Christ, même dans la distance.
 
Il n’est pas besoin d’être à côté de lui physiquement.
 
Être avec lui en esprit suffit pour agir avec lui. En conséquence, c’est toujours le Christ qui agit.
 
Donc, vouloir l’empêcher d’agir en son nom, c’est comme vouloir empêcher le Christ d’agir. Ce n’est sans doute pas le souhait de Jean, mais cette conséquence en découle.
 
 
Cet épisode est l’occasion pour expliquer cela aux Douze. Personne ne peut faire cela s’il n’est pas avec lui.
 
L’action de cet homme ne peut aboutir - c.-à-d. le bien qu’il fait à autrui-, donc l’action de cet homme ne peut aboutir que si le nom du Christ est véridique en sa bouche.
 
Les esprits impurs se targuent de connaître le nom du Christ, mais ce nom n’est pas véridique en leur bouche d’emprunt.
 
Si nous remontons plus en amont, nous retrouvons également la même structure d’empêchement chez des chefs religieux envers le Christ.
 
Ils veulent l’empêcher d’agir durant le sabbat.
 
Quelle manière plus belle d’honorer Dieu le jour de sabbat que de rendre à quelqu’un la santé, de le libérer de la prison mentale, etc.
 
Tous les prophètes l’ont dit. La gloire de Dieu c’est que l’homme ait la vie.
 
Le jour de sabbat est un argument d’autorité. Pour les autres jours, il fait trouver d’autres arguments plausibles pour justifier la tentative d’empêchement.
 
En outre, Jésus semble dire que ce n’est pas le bien qui advient aux gens dont il faut s’inquiéter.
 
Si l’on avait que cela comme inquiétude, on serait dans la quiétude.
 
Ce dont il faut s’inquiéter, ce sont les travers qui empêchent le bien d’advenir et de progresser, surtout chez les petits.
 
On peut être petit socialement, dans la foi, etc.
 
Les images que Jésus utilise sont assez éloquentes.
 
Les membres du corps, dans la culture sémitique, expriment les traits profonds de l’être humain :
 
Le pied indique le chemin que l’on prend, la conduite, et parfois le travers.
 
La main, c’est la prise de possession. La main ouverte, ou la main toujours fermée et qui ne s’ouvre que pour s’approprier.
 
L’œil est la fenêtre du cœur, la manière dont on voit le monde, les gens, etc.
 
La parole qui révèle le fond de l’âme.
 
Bref, il y a une invitation à se regarder soi-même, et ensuite, de voir si le péché n’est pas en train de faire son œuvre en vous, et surtout ne pas être complice de ses propres travers.
 
Dieu se trouve des collaborateurs en la personne de cet homme qui expulse des démons au nom du Christ, même si cela génère de l’inquiétude chez Josué, Jean et les autres.
 
Jésus met en garde celles et ceux, qui au contraire, par leur attitude, empêchent les petits d’accéder à la lumière ; ce faisant, ils mettent des bâtons dans la roue de Dieu.
 
Et cela ne peut pas leur être compté comme justice.

Roland Cazalis, compagnon jésuite

Nb 11, 25-29 ; Ps 18 (19), 8, 10, 12-13, 14 ; Jc 5, 1-6 ; Mc 9, 38-43.45.47-48

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