Un scandale, il paraît que c’est une aspérité, une petite marche peu visible qui provoque ma chute si je ne la vois pas. C’est une main qui me barre la route, un pied qui me fait un croque en jambe, un œil qui convoite et me prive de la vie. Alors coupez-les, arrachez-le, et regardez seulement « ces tout-petits qui croient en moi ». C’est qui ? Des humbles, des vivants qu’on ne remarque pas. Ils cherchent le bon air, la parole, la joie, un élan, et ils le trouvent dans le Christ, pourvu que les grands ne les en empêchent pas.
Il y a ceux qui prophétisent et ne sont pas dans la Tente. Il y a ceux qui ne sont pas avec nous, tes disciples. Les « t’es pas de ma bande, casse-toi, tu pues » ! C’est tous ces gens que je prends vite pour des rivaux, comme s’ils n’appartenaient pas au Christ, eux. Ça m’a fait penser au motu proprio et nos « bandes » aux rites divers. Je vois les énergies folles dépensées à nous énerver contre ceux qui ne sont pas de notre bande. L’énergie du Christ nous tourne vers l’essentiel : entrer dans la vie, goûter la joie du royaume de Dieu, là où ça respire, parle, partage, communie à la vie de l’Esprit. Personnellement je m’ennuierai dans une messe en latin, pleine de salamalecs et de sursacralisation religieuse, mais ce n’est pas l’essentiel. Le scandale, qui fait chuter les tout-petits du Seigneur, commence quand je mets ma manière d’être et d’agir au service d’un rite, et non le rite au service du nom du Christ. Nous n’avons jamais fini de nous convertir. Faut que j’aille chercher la tronçonneuse et le scalpel pour couper des mains et des pieds, et arracher des yeux. Ça fera trop de bruit, alors je renonce …
Entrer dans la Vie, goûter la vie, la joie de Dieu, de l’intérieur et de tout mon être, c’est le seul chemin à emprunter si je ne veux pas empêcher les tout-petits d’entrer eux aussi dans la vraie Vie. A certains, Dieu donne de goûter le royaume dans l’Adoration, à d’autres non. A certains, Dieu donne d’y entrer avec des groupes comme l’Emmanuel, moi moins, je suis trop sauvage ! Dieu donne à chacune et chacun selon ce qu’elle est, ce qu’il peut recevoir. Père, que nous soyons seulement tes enfants qui t’aident, ensemble, à ouvrir ta Joie au monde.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Nb 11, 25-29 ; Ps 18 (19), 8, 10, 12-13, 14 ; Jc 5, 1-6 ; Mc 9, 38-43.45.47-48
/image%2F0931903%2F20210926%2Fob_42830c_joie-vie.jpg)