La parabole vient juste avant la Passion. Le maître qui part, c’est peut-être Jésus qui va bientôt quitter la terre. Comment je reçois son absence, son « voyage » ? Le verbe « confier » est fort. Il leur confie 5, 2, 1 talents. Le deuil, je le reçois comme « tout est fini », j’enterre le talent, ou comme un envoi ? Si le Fils de l’Homme part librement vers son Père, tué par le refus des siens d’entrer dans la joie du ciel pour les pécheurs et les publicains, c’est parce qu’il fait confiance. Il nous confie son trésor, sa miséricorde qui désire ardemment que tout ce qui est reçu soit donné et que le petit peu que je peux, je le donne. Ainsi je communie à Dieu et à tout le créé. Si, comme ce troisième serviteur, je reçois son départ comme Dieu qui se débine et me laisse faire le boulot, je suis seul, centré sur moi, contre les autres. Dieu me charge de ce qui lui pèse, car j’écoute le mauvais esprit qui me fait pédaler dans la tête !
Confiés, donnés, ou gagnés, ces talents ? A la fin, le maître dit de donner le talent du mauvais serviteur à celui qui en a 10. Ce n’est ni « youpi, j’en ai 11 » ni « zut, j’en ai trop, c’est le bagne ». C’est une confiance à recevoir. Rien n’est vraiment à soi, tout est don et appel à le faire fructifier davantage. Le « passage » que vit le Christ dans sa Passion-résurrection appelle à connaître la joie du Père, qui se donne en pèlerinage les uns vers les autres à cause de la confiance de Dieu en ses enfants bien-aimés. En gros, si je veux éviter les pleurs et les grincements de dents, j’ai à sortir des prisons où je peux me mettre, qui barrent la voie à la confiance de Dieu.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
1 Th 4, 9-11 ; Ps 97 (98), 1, 7-8, 9 ; Mt 25, 14-30