Jardinier de Dieu

Jardinier de Dieu

Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


15e dimanche ordinaire, année A

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 11 Juillet 2020, 13:57pm

Catégories : #homelie_cazalis

Ce dimanche, nous célébrons la parole, car nous sommes des êtres humains et c’est ce que nous avons d’original parmi les espèces vivantes : la parole.

La parole n’est pas qu’un simple symbole de la communication entre humains, car la première fonction de la parole est de nous modeler, nous sculpter, nous éveiller à notre nature humaine, car nous sommes perméables à la parole qui nous transforme.

 Nous voyons là, l’importance de parler au nouveau-né même s’il ne comprend pas le sens du charabia que nous lui adressons, sinon il risque de péricliter.

En outre, la parole n’est pas que verbale ou sonore ; elle est aussi regard, toucher, présence, sourire, silence, etc.

La parole est une réalité extrêmement sensible et performante. Elle est capable d’appeler à la vie ou au contraire de laisser mourir à petit feu ou de laisser végéter, parfois toute une vie. 

Cela se passe assez souvent dans les familles, où tel ou tel n’est pas appelé à la vie. Alors, il végète ou fait les 400 coups.


Par rapport à cette thématique, la parabole de l’évangile vise la terre, non pas tant la parole.

Elle vise le type de terre réceptrice de la parole, c.-à-d. le désir, comme c’est le cas dans la parabole des talents.

Il s’agit du désir de la parole, du désir de la vie telle qu’elle est à l’origine, telle qu’elle est à la source et donc telle qu’elle est proposée par Dieu.

En conséquence, s’il y a un péché originel, alors il pointe le fait de se détourner de la vie originelle telle qu’elle nous est proposée pour un succédané de notre fabrication, par exemple le fait de préférer des idoles, des objets de ma propre fabrication, au lieu du Dieu vivant.

Voilà, cette méprise traverse l’histoire humaine et chacun est confronté à ce dilemme.

En revanche, le texte d’Isaïe vise plus spécifiquement la parole.

Isaïe utilise la métaphore de la pluie qui tombe du ciel en terre. La terre c’est toujours le corps du désir. Puis, la pluie descend dans les profondeurs de la terre. 

Elle peut séjourner longtemps dans la nappe phréatique en attendant son heure. 

Dieu a un avantage sur nous, car il a le temps pour lui, jusqu’à ce que nous entrions dans son éternité.

Ensuite, de la nappe phréatique, la pluie peut être absorbée par les racines de la plante, la plante que nous sommes aussi, traverser toute la plante et sortir par les pores des feuilles et retourner dans l’atmosphère, retourner d’où elle vient.

 
La parole est un lieu de vérité pour Dieu. En effet, la parole est destinée à être crue, c’est sa nature originelle. Elle est destinée à donner la vie. C’est sa nature première.

Néanmoins, nous savons comment la parole est un haut lieu de travestissement, un lieu de manipulation, et nous devons faire un effort presque contre nature pour nous protéger de la parole pervertie, alors que la parole est notre bien propre.

La parole est faite pour être crue, car nous sommes perméables à la parole, comme l’air est fait pour être respiré ; d’ailleurs, il entre dans notre corps.

Quand l’air est pollué ou porteur d’un virus pathogène, cela nous complique terriblement la vie. Nous devons alors adopter des comportements un peu contre nature, comme le fait de respirer avec un masque, pour filtrer l’air que nous respirons, comme nous devons filtrer la parole que nous entendons quand elle est pervertie et donc potentiellement mortelle.

Il n’est pas étonnant que le Christ soit identifié à la parole, mais la parole en vertu de la dimension qu’elle occupe dans notre humanité, c.-à-d. une réalité qui nous éveille à la vie, qui nous appelle à la vie, qui nous donne notre forme humaine, qui nous permet d’atteindre notre verticalité.  

Voilà la révélation qui est faite au monde et l’opportunité qui est adressée à chacun.

Roland Cazalis, compagnon jésuite

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