En quoi, en qui, je mets ma confiance, mon ardeur : dans la connaissance du Christ ou dans « la chair » ? Pour Paul, la chair, ce n’est pas ce que j’entendrais spontanément, à savoir l’instinct sexuel, la convoitise charnelle. Non, il semble qu’il désigne par là ce qui l’animait lui-même avant de rencontrer le Christ sur le chemin de Damas : l’instinct identitaire, appartenir à la race des « Bons », à la tribu des « Durs à cuire », par une pratique exemplaire de la Loi qui le met au-dessus des Impies. Un jour sa forteresse s’est écroulée quand il s’est laissé rencontrer par le Christ. Son guide, son trésor, il n’en a plus eu qu’un seul : connaître le Christ. En quoi, en qui, mettons-nous notre confiance ? En une règle que je me forge et qui me rassure en pensant servir le Seigneur et sans voir que je l’étouffe, … ou en l’Esprit du Dieu de Jésus, Christ, qui se donne à suivre, à connaître, à aimer ?
Et l’évangile nous montre un Dieu qui rejoint les pécheurs, les publicains ! Mais qui es-tu Seigneur, pour nous aimer ainsi ? C’est sans doute ce qui t’a fait passer jusqu’à nous, étrangers de toutes les nations, en qui tu as trouvé une terre de pécheurs et de malades qui t’espèrent. Mais ta joie à manger avec des brebis perdues que tu es allé chercher et retrouver, l’accueillons-nous encore, ici, aujourd’hui, pour que la connaissance du Christ soit encore notre moteur, et non « la chair » ? Un frère écrivait ceci : « dis-moi quelle est ta joie ». Et il poursuivait : « la joie de qui connaît le Christ et le suit est désencombrée de soi-même, elle ne craint pas les froissements d’un amour-propre ». Choisir la Vie, choisir ta manière d’aimer, Seigneur, donne-nous cette grâce !
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Ph 3, 3-8 ; Ps 104((105), 2-3, 4-5, 6-7) ; Lc 15, 1-10