La transfiguration vient 40 jours avant la célébration de la Croix glorieuse. Quarante, c'est le nombre d'années pour traverser le désert et passer de l’Égypte à la Terre Promise. C'est le nombre de jours durant lesquels le Fils de l'Homme est tenté. Ici il peut y être signifié en effet l'exode que vit le Christ entre ce jour de la Transfiguration et celui de la Croix. C'est la montée vers Jérusalem. Luc la voit comme Jésus qui va vivre en lui ce long exode du peuple élu. La Terre Promise, à laquelle le peuple n'est en fait pas encore arrivé, qui n'a pas de frontières, c'est après la traversée de la Croix. Il lui faudra éprouver le cœur endurci de son peuple, comme à Mériba quand il se querellait contre Dieu devant Moïse, qui préférait le bon vieux temps de sa servitude. Un cœur libre et pérégrinant, qui en veut ? Il faut être "fils de Dieu", enfant de Dieu, pour le vouloir.
Élie, Moïse et lui s'entretenaient de son départ qui allait à s'accomplir à Jérusalem. Jésus dira alors "tout est accompli". L'exode est accompli, le passage est accompli, l'arrivée en terre promise, là où se retrouvent des fils et filles de Dieu, est accomplie. Il s'accomplit en Jésus, le fils de l'homme, comme le nomme Daniel. Et le fils de l'homme, il est en nous. En nous il est celui appelé à advenir, pour opérer le passage lui aussi, avec Celui qui nous précède et nous ouvre la voie. "Ecoutez-le", laissons-le entrer, cheminer en nous, jusque vers son départ, départ deuil, départ naissance, inséparablement. En nous il est l'homme intérieur, l'être intérieur, appelé à la Vie, au-delà du passage.
Olivier de Framond, compagnon jésuite