La joie de Noël, joie d’une naissance – celle du Fils de Dieu parmi les hommes - est précédée par une succession d’événements dramatiques. Si Jésus s’inscrit dans une généalogie humaine, sa naissance s’accompagne surtout d’un drame intime. « Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. » La naissance de Jésus advient sur fond d’un prodigieux combat intérieur ou encore d’une prodigieuse confiance de Joseph. Que faire ? Quoi dire ? Joseph forme le projet de se séparer de Marie en secret pour la protéger. Il est investi d’une connaissance qui mobilise toute sa foi : « l’enfant vient de l’Esprit-Saint ». De même que la naissance de Jésus advient par la foi de Marie en la parole de l’Ange Gabriel, elle advient aussi à raison de l’annonciation faite à Joseph et de la victoire de sa foi. Autant Marie est la servante du Seigneur, autant Joseph est le coopérateur de l’Esprit. « Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse. » Il fait et ne commente pas.
Autant Marie met au monde le Fils du Père, autant Joseph incarne le Père pour ce Fils. C’est à Joseph qu’il revient de nommer l’Enfant, de le désigner « Emmanuel », dans la vérité de son être « Dieu avec nous ». Joseph énonce une vérité qui le précède ! Ce nom d’Emmanuel renvoie à lui seul à la prophétie d’Isaïe, « Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel.
A la lumière de cette éblouissante annonciation à Joseph, il nous est possible d’y voir un modèle pour les journalistes face aux nouvelles les plus étonnantes. C’est ce que fit le pape François en 2018, en recevant quelques 400 d’entre eux en audience lors de la solennité de saint Joseph [1]. Joseph écoute et cherche à comprendre. Il est « l’homme du silence » qui semble en apparence seulement l’antithèse du communiquant. « En réalité, c’est seulement en éteignant les bruits du monde et de nos bavardages qu’il est possible d’écouter, contribution première à toute communication ». Le silence de Joseph est habité par une profonde recherche de vérité. Il écoute. « Le menuisier de Nazareth rappelle l’urgence de retrouver un sens de saine lenteur, de calme et de patience ». Le Pape observait que la « rapidité de l’information dépasse notre capacité de réflexion et de jugement ». Une culture de la hâte nourrit la superficialité et privilégie l’immédiateté à l’expérience. Elle expose à une simple succession d’événements sans lien les uns avec les autres.
Le Pape avait encore invité les journalistes à contribuer au dépassement d’oppositions stériles et dangereuses, à ne pas succomber à la tentation de ne pas voir, de s’éloigner, d’exclure et de discriminer, à ne pas se contenter de ce que les autres voient, mais aussi à transformer les problèmes en opportunité, à se faire les compagnons de tous ceux qui se démènent pour la justice et la paix. « Ne grossissez pas la file de ceux qui courent pour raconter cette petite part de réalité déjà sous le feu des projecteurs. Partez des périphéries qui ne sont pas la fin mais le commencement de la ville ».
Comme Jésus est né, isolé dans le recoin d’une obscure étable, c’est dans les périphéries, là où personne ne songe à regarder que partent les nouvelles qui changent le monde ! Joyeux Noël !