Jardinier de Dieu

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Homélie : La Sagesse chrétienne, une sagesse humaine « augmenté »

Publié par Pascal Desbois sur 2 Mars 2025, 13:56pm

Catégories : #Homélies

         Depuis la pêche miraculeuse il y a trois semaines et le départ des premiers disciples, l’enseignement de Jésus bat son plein. Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître… c’est encourageant ! Le juste grandira comme un palmier nous dit le  psaume 91. Le Christ nous guide vers cette sagesse que lui seul possède vraiment : Vieillissant, il fructifie encore, il garde sa sève et sa verdeur. 

Merci à l'auteur de cette image

La sagesse chrétienne imprime donc quelque chose d’unique à la sagesse humaine… Mais revenons au début de l’enseignement de Jésus… il commence par les béatitudes. Chez St Luc, elles sont une invitation au dépouillement, suivre le Christ nous donne un regard plus juste sur les biens terrestres. Ceux-ci n’ont vraiment de valeurs que s’ils nous aident à découvrir un bonheur plus profond, une dynamique de vie plus ouverte ! Mais ce juste rapport aux biens terrestres, même frappé de sobriété n’est pas suffisant. Jésus veut nous faire aller plus loin. Il nous enseigne un autre détachement. Aimez vos ennemis ! Faites du bien à ceux qui vous haïssent. Suivre le Christ, ce n’est pas construire un monde fermé sur lui-même pour s’y barricader. A la suite du Christ nous n’appartenons plus à ce monde fragmenté, au combien divisé, même si nous devons y vivre: vous n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde ; Jésus nous invite donc à une ouverture totale : Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. Le bien de l’autre c’est aussi le mien et ce bien commun : c’est le Salut promis. Nous nous n’avançons donc vers le Salut que tous, ensemble ! Cela ne va pas sans un cheminement partagé, sans une entraide fraternelle.

         Aujourd’hui, le Seigneur nous enseigne donc un dernier détachement. Il concerne concrètement la vie fraternelle… Nous le savons tous, la vie fraternelle,  la vie commune en générale, ne va pas sans frottement, voir confrontation… et nous devons quand même avancer ensemble ! Les conflits apparaissent ça et là ! Inévitablement ! … et c’est parfois usant ! L’obstacle dans la vie commune : c’est qu’au bout d’un moment, l’autre nous dérange : peut être d’abord pour des choses pratiques, puis c’est ça façon de penser qui nous dérange… elle n’est pas comme la nôtre, et enfin c’est ça manière d’être qui nous blesse ! Et c’est encore plus dur ! Alors les conseils arrivent, puis ce sont les injonctions voir les mises en demeure ! L’autre qui nous dérange... on veut le guider... peut-être, a-t-il besoin d’être guidé ? mais il devra prendre le chemin que je lui indiquerai… L’autre qui me dérange… c’est lui qui doit changer pour qu’il se conforme à ma façon de voir le monde, de faire les choses, de vivre. C’est un vrai défi pour chacun au quotidien. Si nous n’y prenons garde, le quotidien peut devenir destructeur… il faut donc l’entretenir au jour le jour !

       Le détachement que Jésus nous enseigne aujourd’hui, c’est celui du regard sur nous-même quand celui-ci prétend être la référence. On a une tendance à la fixation : le monde doit rester figé. C’est la grosse poutre que l’on a tous plus ou moins dans l’œil !... Nous avons chacun notre expérience de vie, mais elle n’est pas universelle.

Notre façon d’appréhender la vie est limité et pas nécessairement celle de l’autre. Nous devenons intrusifs vis à vis de notre frère et nous tombons tous les deux dans le trou de l’incompréhension et de la division ! Jésus nous donne une clef pour les relations fraternelles :

Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ;
Alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère.

Jésus ne donne pas de règle morale ni de casuistique. Il nous demande de nous regarder en vérité : qu’est ce qui habite notre cœur au quotidien ?  N’a-t-on pas perdu de vue l’essentiel ? L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ;

          Pour Jésus, un cœur bon est un cœur qui possède un trésor. Un cœur mauvais, c’est celui qui a oublié qu’il en possède un… c’est un cœur vide ! Alors garder présent l’amour reçu, mesurer sa valeur au quotidien, c’est le trésor dont parle Jésus. Il faut le visiter, le revisiter aussi souvent que nécessaire. C’est à partir de ce trésor que nous tirerons des paroles justes et édifiantes parce que c’est lui qui fait de nous des frères. Ce trésor que Dieu a déposé en nous, c’est le Christ Lui-même.

Le disciple n’est pas au-dessus du maître ;
mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître.
Dit Jésus.

         C’est la présence du Christ qui donne toute leur force aux relations fraternelles. C’est alors au quotidien que nous rencontrons le Christ à travers nos frères. Alors nous pouvons marcher en frères, grandissant ensemble comme le palmier du psaume, et nous guidant les uns les autres à la lumière du Christ.

- Amen.

P. Pascal Desbois, vicaire de la paroisse de Colomiers

Si 27, 4-7 ; Ps 91 (92), 2-3, 13-14, 15-16 ; 1 Co 15, 54-58 ; Lc 6, 39-45 

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