Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Lc 6, 39-45 : Prendre son chemin personnel pour faire vraiment communauté - Dimanche, 2 mars 2025

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 2 Mars 2025, 15:07pm

Catégories : #Homélies, #JLfabre

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 6,39-45.
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples en parabole : « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ?
Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître.
Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ?
Comment peux-tu dire à ton frère : “Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil”, alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. »
Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit.
Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des figues sur des épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces.
L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Merci à l'auteur de cette image

Aujourd’hui, ce passage d’évangile, dans sa très grande richesse de perspectives, nous introduit à l’enjeu de la croissance à la suite de Jésus, une croissance à la fois personnelle et collective. Mais comment peut-elle être ajustée  ? Ecoutons la parole en ce sens.

 Le disciple doit se mettre à la suite de son maître. Suivre exclusivement un autre humain risque bien de conduire à la chute, comme un aveugle ne peut valablement guider un autre aveugle. Une fois mise en mouvement soit par une rencontre d’une personne, ou encore une découverte suscitée par un autre, et même un début d’appartenance à un groupe, il est bon de chercher à nous mettre à l’écoute, à la suite du seigneur plus directement. Et de percevoir comment à travers cette suite centrée sur le Christ, un chemin personnel s’ouvre vraiment en moi dans un dialogue entre le seigneur et moi qui s’approfondit étape après étape, à partir de ce que j’entends résonner en moi de sa parole. Mon chemin de croissance véritable est un chemin intérieur qui se dessine à travers ce que j’éprouve en moi… à travers ce que j’écoute en moi. La vie des saints ne cesse de l’attester. A un moment, ils ont suivi leur chemin propre. 

Une autre déviation sur notre chemin de vie est le risque de s’intéresser davantage au chemin de l’autre qu’au sien propre. C’est la fameuse comparaison entre la paille et la poutre dans l’œil du prochain ou le sien. Rappelons, en passant que l’œil c’est l’ouverture de la citerne réserve d’eau, où une poutre qui affleurait à la surface permettait à la souris de s’échapper et ainsi de ne pas mourir dans l’eau, lui donnant de ne pas la rendre impropre à la consommation. La paille, quant à elle, ne faisait que rendre le goût de l’eau désagréable. L’enjeu est donc de ne pas dévier, après avoir éprouvé en soi le lieu de sa conversion, y demeurer, ne cesser de demander son aide au seigneur, tirer même profit de la manière autre du prochain de vivre pour avancer sur son propre chemin à soi, aller même jusqu’à tirer profit pour son chemin personnel d’injustices commises à son égard en continuant à se changer soi-même.  

Et ce cheminement entrepris dans la mise à l’écart, puis déployé dans la conversion, me donne alors de percevoir la promesse véritable qui m’est faite. Le chemin de conversion est là pour que je puisse rencontrer, cheminer avec le seigneur à partir de la personne que je suis en vérité. Alors je marche vers le seigneur, avec lui à partir de la personne que je suis, je puis me réjouir aussi de la différence de mon frère, de ma sœur qui me nourrit et je puis leur donner de mon bien propre qui les aide vraiment. J’entre dans le royaume où chacun devient à partir de la différence de l’autre. Je suis à la fois sur mon chemin, celui du seigneur, celui de mes frères et sœur, la joie est là qui se donne. Amen !

Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite

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