L’ORAISON

Comment mettre en mots une relation de vie avec quelqu’un, surtout quand ce Quelqu’un est Dieu lui-même ?

Considérez ce que je vais vous partager humblement comme un balbutiement.

1. L’oraison : une rencontre avec quelqu’un : Dieu

Depuis le jour de mon baptême, j’étais adulte et donc tout à fait consciente de l’événement inouï que je vivais : j’étais  consacrée à Dieu : Père, Fils et Esprit Saint, présents en moi,  n’ayant qu’un désir : me voir entrer dans cette relation vivante et aimante avec eux.

2. L’oraison : une rencontre personnelle et intérieure

Maurice Zundel, un compagnon de route, disait à une de ses connaissances, en parlant de Dieu :

«  tu l’aimerais si tu le connaissais, car il est tout ce que tu recherches : la beauté et la bonté, la vérité et l’amour et Il t’attend depuis toujours dans ton cœur »

ce même auteur aimait beaucoup citer cette phrase bien connue de Saint Augustin :

«  Tard je t’ai aimée, Beauté ancienne et toujours  nouvelle, tard je t’ai aimée. Tu étais au-dedans et moi j’étais dehors, c’est là que je t’ai cherchée…Tu étais avec moi et moi je n’étais pas avec toi »

L’oraison pour moi, est d’abord une réponse au rêve de Dieu pour chacun : être en communion avec Lui.

3. L’oraison : une rencontre d’amour dans la foi

  Elle est, fondamentalement, une rencontre d’amour vécue dans la foi. Dans l’expérience humaine, quand on aime quelqu’un, sa présence nous habite tout le temps. Même lorsque l’on ne pense pas consciemment à la personne aimée , tout ce que l’on fait, tout ce que l’on dit, tout ce que l’on pense en est habité et transformé.

Dans la vie avec Dieu, cela devient de plus en plus la même chose mais dans la foi. Les temps de rencontres privilégiées avec lui sont désirées, on s’y prépare, on s’habille le cœur…

Comment concrètement ?  Par l’écoute de sa Parole, par exemple, à travers la liturgie du jour préparée la veille : s’endormir avec cette parole, la laisser travailler… «  je dors mais mon cœur veille «  

Par la participation à l’Eucharistie

Source et sommet de toute vie avec Dieu. Où  Jésus s’offre et je le reçois réellement dans la puissance de sa résurrection.

Une belle oraison proposée par l’église me revient en mémoire, je la cite :

« Seigneur, fais fructifier l’eucharistie qui nous a rassemblés, c’est par elle que tu formes, dès à présent, à travers la vie de ce monde, l’amour dont nous t’aimerons éternellement »

 L’eucharistie, c’est le moment par excellence où je bois à cette source intarissable qui me renouvelle chaque jour

4. Comment se passe ce temps d’oraison ?

L’oraison est ce temps prolongé en silence, seul à seul, cœur à cœur. C’est un rendez vous d’amour avec Dieu qui nous précède et nous attend. Un prêtre ami aimait me dire : «  avec le Bon Dieu nous sommes toujours en retard » Se présenter au Seigneur comme on s’expose  aux rayons du soleil. Et là pendant tout un temps, ne pas parler,  mais seulement

AIMER et se LAISSER AIMER

Avec tout le poids de notre vie, de nos relations, des désirs profonds de notre cœur

AIMER ET SE LAISSER AIMER

Sans se préoccuper de notre état physique ou spirituel, des distractions qui peuvent nous submerger, des pensées parfois  pas toujours très évangéliques etc…

 L’oraison, c’est contempler le Christ réellement  présent, offert… Venir lui tenir compagnie par amour pour lui , gratuitement. C’est une ATTENTION D’AMOUR à sa présence.

« je l’avise et il m’avise »  aimait dire le saint curé d’Ars.

Il arrive souvent que certaines paroles du Christ remontent à la mémoire du cœur, comme par exemple :

« Voici que je me tiens à la porte , et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi » (Ap 3,20)

Ou bien

«  Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous nous ferons une demeure » (Jn 14,23-29)

« Demeurez en moi comme moi en vous » (Jn, 15, 1 et suivants)

L’oraison, comme dans   la vie, a ses moments de grâce, de lumière et de joie vraiment ressenties qui vous dilatent l’âme et le cœur !

Elle a, aussi, ses moments difficiles  d’aridité, l’impression d’une absence, d’ennui même où le temps s’arrête…Même là, le Seigneur creuse davantage encore le désir et la soif de Lui

Apprendre à durer, avec  sa grâce  rester fidèle en s’appuyant sur sa fidélité même.

Revenir à Lui, humblement comme vers une source quand on a très soif, y demeurer dans la foi, jour après jour jusqu’à la rencontre dans la pleine lumière

 Je termine par cette belle invocation, citée dans la prière du temps présent que je fais mienne :

« Dans l’aujourd’hui de ton appel, Seigneur, prépare en nous le face à face »

Une paroissienne