La Nuit de la Nativité 2018
« Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ».
Cela commence pour les bergers comme une course au trésor. Comment le trouver et le reconnaître ?
Le signe est toujours le signe de quelque chose qui dépasse le signe.
Venir au monde dans une étable. Ce n’est ni le premier ni le dernier enfant à venir au monde dans ces conditions.
Ce fils premier-né prend sa place dans cette série ; il devient l’un des leurs. En arrivant, il trouve déjà une fratrie, il entre dans une fratrie. Alors, quel est le signe ?
Il faut descendre à la rencontre de Dieu.
Lui, le Très-Haut, il faut se baisser pour le reconnaître.
Plus on est grand, plus il faudra faire preuve de souplesse pour se plier, pour plier sa grande carcasse afin de voir de près ce nouveau-né dans sa mangeoire.
Il se peut que l’on éprouve de la raideur dans le corps pour accomplir cet acte.
Mais en général, ce n’est ni la raideur des muscles ni celle des articulations qui cause cette gêne dans le corps qui empêche de se plier.
Cette difficulté à se plier vient souvent de la raideur du désir, de la raideur de l’âme, de la raideur de notre rationalité.
Vous savez, nous ne commémorons pas la Nativité. Nous célébrons la Nativité.
Nous sommes en temps réel.
Si nous célébrons la Nativité, alors quel signe nous est-il donné aujourd’hui pour distinguer ce temps des autres temps, pour distinguer cet événement des autres événements ? Pour distinguer cette allégresse de l’allégresse que procurent les vitrines et les luminaires de la ville et des demeures se préparant à la fête, comme les bergers ont dû distinguer ce nouveau-né dans sa mangeoire des autres nouveau-nés dans leur mangeoire qu’ils ont croisés dans leur vie de berger ?
Évidemment, chacun pourrait évoquer le signe qu’il a reçu et l’on pourrait partager et échanger sur ce sujet, mais je vous laisse le soin de le faire après la messe à votre guise.
Pour l’heure, il est un signe donné au plus grand nombre, et chaque année, le miracle se produit. Voilà pourquoi nous célébrons la Nativité.
Ce signe, c’est une allégresse sobre et diffuse qui flotte dans l’air et le cœur de ceux qui attendent la lumière de la Nativité.
Cette allégresse diffuse est aussi accompagnée d’un désir de paix, un désir de sérénité et que cette paix demeure.
Voilà deux traits de la Nativité, liés à la personne de celui qui vient.
Nous sommes invités à séjourner dans cette allégresse diffuse et ce désir de sérénité, ne serait-ce qu’un instant.
Nous sommes invités à l’accueillir dans nos tréfonds pour en vivre, en désirant que cette lumière devienne la métrique de nos actions, que cette lumière soit la mesure de nos discernements afin de bien décider et de bien choisir ce que nous avons à faire dans le monde.
Bien sûr, il y a de l’adversité dans le monde, et le monde est ambigu, car son sens n’est pas immédiat.
Voilà pourquoi il faut la lumière pour savoir discerner afin de choisir à propos, pour ne pas céder à la peur du futur qui mène à la violence et à la destruction.
Le roi Hérode de la Bible est la figure emblématique de cette peur du futur, la peur de perde son trône, la peur de perdre sa position sociale, la peur de perdre son niveau de vie. Ce qui va l’amener à commettre l’irréparable.
Mais au contraire, il est dit : « Paix aux hommes que Dieu aime »
Paix aux hommes qui se laissent trouver par Dieu.
Paix aux hommes qui savent se plier.
Amen.
Père Roland Cazalis
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