Nous célébrons la Nativité du Seigneur.
Il ne s’agit pas d’une commémoration. La preuve est la lueur que nous avons dans le cœur, une lueur qui s’est faite crescendo à mesure qu’avançait le temps de l’avent, si du moins, nous étions attentifs et disponibles à cet événement qui se déployait et n’arrête pas de se déployer dans le temps.
Voilà encore un aspect du mystère que nous célébrons. Nous ne sommes pas dans la dynamique du « une fois pour toutes ». Il y a à la fois un événement qui marque un avant et après dans l’histoire. Un événement qui marque factuellement un commencement, puisqu’historiquement, en Occident à tout le moins, la Nativité marque l’année zéro de notre ère qui compte 2023 ans à quelques années près. L’histoire est ointe de cet événement ; l’espèce humaine porte cette onction en vertu de l’Incarnation divine.
Marquer l’avant et l’après n’épuise pas le mystère, car chaque fois que nous le célébrons, nous sommes replongés dans cette naissance qui nous procure la même joie et nous mène « de commencement en commencement par des commencements qui n’ont jamais de fin », comme disait Saint-Grégoire de Nysse, dans une homélie sur le Cantique des cantiques.
À chaque célébration, le verbe vient habiter plus intensément le cœur de l’Homme afin de le faire avancer dans le chemin, pour que l’Homme devienne chaque fois plus semblable au Fils. Comme dit Grégoire de
Nysse « le terme de ce qui est trouvé devient pour ceux qui montent le point de départ de la découverte de biens plus élevés ».
Mais aujourd’hui, notre cœur n’est pas porté à décrypter le mystère de l’Incarnation. Notre cœur est davantage porté à se réjouir de l’événement.
À l’instar d’une rencontre, nous ne sommes pas dans le comment ?, ni dans le pourquoi ?, ni dans le comment se fait-il ? Nous sommes dans le présent de l’événement ; c’est de cette manière que nous pouvons l’habiter dans la vérité.
Nous aurons largement le temps de faire de la théologie par la suite.
Pour l’heure, soyons présents au présent. Soyons présents à celui qui se fait présent à nous.
À chaque Nativité, l’occasion nous est donnée de recevoir le Seigneur de cette manière toute naturelle, lui qui a pris le chemin de l’humanité afin de nous rejoindre au plus intime de notre être, au plus intime de notre espèce humaine.
Quel autre chemin nous est le plus naturel que le nôtre ?
Nous n’avons pas à sortir de notre être pour le recevoir ou le rencontrer. Nous ne devons pas sortir de notre être, car nous ne pouvons pas le faire.
Au contraire, nous devons entrer dans notre être, nous devons descendre dans notre être pour le recevoir et marcher ensemble.
À cet égard, rappelons-nous ce qui a été dit à Joseph, l’époux de Marie, à la fois pour le rassurer et l’inviter à entrer dans cette démarche.
Il est demandé à Joseph, étant de la lignée de David, lignée d’où devait sortir le Messie, d’aller vers lui-même, d’entrer dans l’accomplissement de l’attente que porte le peuple de Dieu. « Celui qui court vers Toi devient toujours plus grand et plus haut que lui-même » nous rappelle le même Grégoire de Nysse. Aller vers soi-même et courir vers Toi passent par un seul et même chemin.
Joseph est donc un maillon de l’accomplissement de la promesse en vertu de sa lignée davidique. D’ailleurs, chaque membre des deux couples est un maillon de l’accomplissement de la promesse : Zacharie, Élisabeth, Marie et Joseph.
La demande est formulée de façon simple. « Joseph, ne crains pas de prendre chez toi la grâce de Dieu ».
Les enfants, les jeunes et la génération montante sont invités à entendre cette invitation qui a été faite à l’un d’entre nous. L’invitation s’adresse à chacun d’entre nous.
Ne crains pas de prendre chez toi cet enfant, car il est la sainteté même. Il grandira avec toi et toi avec lui. Tu grandiras avec lui, et lui avec toi.
Amen.