Nous sommes au début de la première semaine du carême, une première étape pour un chemin dont la perspective nous a été donnée par la prière d’ouverture du premier dimanche
Dieu tout-puissant, toi qui nous invites chaque année à vivre le Carême en vérité, donne-nous de progresser dans l’intelligence du mystère du Christ et d’en rechercher la réalisation par une vie qui lui corresponde.
Constatons d’abord que la question du péché n’est pas la visée principale du Carême, nous resterions peut-être bien trop enfermés sur nous-mêmes à vrai dire. Ce qui nous est proposé de demander dans cette prière, c’est d’une part une connaissance plus profonde du mystère du Christ et d’autre part une vie qui puisse être accordée à ce mystère. Connaître le Christ intérieurement et vivre de Lui.
Alors, dans cette perspective, que dire de la parole d’aujourd’hui ? Que nous manifeste le Christ en disant aux uns et aux autres « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait » ? Cette parole ne nous appelle pas vraiment d’abord à l’action mais à mieux considérer le mystère de l’existence dans lequel nous sommes tous plongés. L’enjeu est de réaliser que les plus petits sont le Christ ou tout du moins qu’ils partagent tous la même vie. Cela nous demande par contrecoup de reconsidérer aussi notre propre existence. Ma vie n’est pas ma vie mais la vie qui vient à moi, en moi, comme du temps de la Genèse avec l’haleine de vie qui a été soufflée sur moi pour que je vive. Je ne cesse de recevoir le plus intime de moi-même. Me rapporter au réel ainsi, plus justement, me donnera de vivre autrement, plus en lien avec tous les autres êtres : le mystère de Dieu, les autres vivants, moi-même… Je vis de la vie de Dieu, de tous les êtres. Un lien indéfectible de solidarité avec les autres me constitue en vérité. Laissons, en chacun de nous, travailler cette perspective et des énergies nouvelles surgiront en nous.
En progressant pas à pas dans l’intelligence du mystère du Christ, j’entrerai dans une vie qui lui corresponde. Amen !
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite