Nous célébrons la manifestation, la révélation de Dieu au monde.
Pour nous guider, le texte de Paul aux Éphésiens nous sert de pivot pour mettre en mouvement les textes d’Isaïe et de Mathieu.
Paul témoigne, lui qui est juif et pharisien, que la venue du Messie signifie que désormais juifs et païens forment un seul corps devant Dieu, car Jésus a pris chair dans l’humanité.
Toute l’humanité forme un seul corps par l’onction de l’Incarnation. Ce n’est pas de la théologie ; c’est la nature.
Désormais, le privilège n’est plus d’être le seul, d’être l’appelé ou l’élu, mais d’assumer sa nature, de vivre sa nature.
En conséquence, qui que vous soyez, d’où que vous venez, quelle que soit la culture qui vous structure, vous êtes membre de la famille d’Abraham, même si vous ne la connaissez pas encore.
Vous pouvez y entrer avec vos traditions, traditions qui ne manqueront pas d’enrichir le paysage tout en se transformant.
Vous êtes membres de la famille abrahamique. Il s’agit là de la grâce annoncée depuis que Dieu a explicitement prononcé son nom.
Bien entendu, chacun conserve son libre arbitre par rapport à cette filiation.
L’ouverture à l’universel est manifestée dans le récit théologique de Mathieu par la visite des rois mages.
Le récit est très riche en symboles, car il fait allusion à beaucoup de choses de la culture juive, babylonienne, de l’astrologie, de l’astronomie, etc.
Il ne faut pas lire ce texte avec l’œil de l’historien axé sur la facticité des événements, mais bien avec la préoccupation du chercheur de Dieu.
Dieu a pris chair de l’humanité. Par ce fait, sa présence dans notre humanité induit le désir de le connaître. Le Dieu qui vient à l’idée est le Dieu que nous avons dans notre chair.
Sa seule présence induit le désir de le connaître. À partir de là, celui qui est sensible à cet appel est susceptible d’emprunter le chemin disponible dans sa culture locale. Mais rien ne l’empêche de progresser et même de dépasser ce que sa culture locale est capable de lui proposer.
Dans la progression, un dilemme peut surgir sous différentes figures :
- Comment rester solidaire avec sa culture locale sans mettre en péril sa progression ?
- Comment vivre le progrès qui relègue au second plan la culture locale ou l’identité historique?
- Comment poursuivre sa progression alors que les compagnons de route semblent avoir trouvé ce qu’ils cherchaient et sont descendus du train ?
- Etc.
Ainsi, la figure de la quête de Dieu est incarnée par ces mages qui cherchent Dieu, qui se déplacent en faisant un long voyage avec l’équipage nécessaire à la durée de l’aventure.
Le périple des rois mages nous rappelle celui de la reine de Saba qui s’est mise en route pour écouter la sagesse de Salomon en personne. Or, il y a dans le visage de ce nouveau-né plus que la sagesse de Salomon.
À l’instar de la reine de Saba en quête de sagesse, les mages en quête du visage de Dieu témoignent de ce qu’ils ont vu dans le visage de cet enfant, à savoir, la royauté, la divinité et l’humanité, soient l’or, l’encens et la myrrhe.
La contemplation de ce visage a suffisamment d’impact sur les affects des mages pour qu’ils repartent dans leur vie ordinaire par un nouveau chemin, par un chemin neuf.
L’expérience de la conversion, de la transformation intérieure, fait que l’on repart dans la vie par un autre chemin. Certaines personnes changent de métier, changent d’habitation, changent de ville pour que les nouveaux repères du quotidien soient en phase avec ce qu’elles sont désormais ou ce qu’elles sont en train de devenir. Elles prennent un chemin neuf dans la vie.
Le conseil de l’ange aux rois mages rappelle celui du Christ à la femme adultère « va, et désormais ne pèche plus. » Prends un chemin neuf dans la vie.
Il rappelle également le conseil à l’homme guéri de la piscine de Bethesda. Jésus le rencontre dans la cour du Temple et lui dit « Te voilà guéri. Mais veille à ne plus pécher, pour qu’il ne t’arrive rien de pire ». Prends un chemin neuf dans la vie.
Oui, la présence de Dieu dans notre humanité induit la quête de son visage. Des gens venant de l’orient et de l’occident en témoignent. Voilà l’un des enseignements du récit théologique de Mathieu.
Roland Cazalis, compagnon jésuite
Is 60, 1-6 ; Ps 71 (72), 1-2, 7-8, 10-11, 12-13 ; Ep 3, 2-3a.5-6 ; Mt 2, 1-12
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