Venu non abolir mais accomplir
C’était le sujet de mon interro à la fin du 1er cycle de philo-théologie : « la Loi chez Matthieu et Paul, deux visions incompatibles ? » L’examen commence à dater. Il a dû me marquer pour que je me souvienne encore du sujet ! Matthieu s’adresse sans doute à un peuple judaïsant, où les chrétiens ne sont pas encore une « nation » à part. Paul se tourne, lui, vers les nations et le chrétien est déjà ce que dira l’auteur de la lettre à Diognète : un étranger « chez lui » en tous pays. « Accomplir la Loi » invite à l’accueillir dans une dynamique de conversion qu’ouvre pour nous le Christ. C’est la bonne nouvelle de St Matthieu. Le plus petit des commandements y trouve sa place. Paul, lui, s’intéressera aux chrétiens sans État, où même l’État du Vatican n’est pas envisagé, car c’est le Christ qui se donne à suivre, qui sort d’une religion de la Loi et de commandements impossibles qui peuvent enfermer dans un légalisme où la rubrique, la liturgie, les pratiques, la Tradition, priment sur la fin qu’est la Rencontre du Seigneur. Ce qui rejoint les deux, Matthieu et Paul, c’est le « royaume des cieux ». Voici la Terre Promise des disciples, et elle est dans le monde, pas hors du monde, en nous, pas dans des idées. Le Christ est « venu non abolir, mais accomplir ». Entende, qui a des oreilles pour entendre, pourrait-il rajouter !
Olivier de Framond, compagnon jésuite
1 R 18, 20-39 ; Ps 15(16), 1-2, 3ac.4, 5.8, 10a.11 ; Mt 5, 17-19