Mt 15, 29-37
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Le choix des évangiles retenus s’explique par le sens spirituel du début de l’Avent qui cherche à être promu par la liturgie de l’Eglise. Alors que retenir comme sommet du récit évangélique d’aujourd’hui ? Peut-être, ce moment où Jésus réalise combien son auditoire déjà en partie guéri a vraiment besoin de réconfort. Jésus manifeste, là, la profondeur de son cœur. Les gens ont suivi Jésus, ils ont décollé de leur quotidien, ils ont vécu de sa parole, reçu de lui la vie, la guérison et ils risquent, maintenant, d’errer désemparés dans le désert, loin de toute subsistance, ils risquent d’aller vers la mort.
Cette prise de conscience amène Jésus, et cela d’une façon impérative, à vouloir faire quelque chose de plus pour eux : « Je suis saisi de compassion pour cette foule car depuis trois jours déjà ils restent auprès de moi, et n’ont rien à manger. Je ne veux pas les renvoyer à jeun, ils pourraient défaillir en chemin. » Et, de là, un nouveau possible s’ouvre à partir de la mise en commun de très modestes biens. Jésus leur demanda : « Combien de pains avez-vous ? » Ils dirent : « Sept, et quelques petits poissons. »
Nous, nous pouvons recevoir de cette attitude compatissante du Seigneur un appel à vivre dans une confiance renouvelée, à goûter l’attente de l’Avent non pas comme une préparation laborieuse de notre part mais comme une attente joyeuse, confiante et pauvre de quelque chose de gratuit, qui vient du cœur généreux du mystère de Dieu.
Alors oui, goûtons quelque chose du mystère de Dieu qui se dit là, qui se dit aussi dans la venue du Fils en notre humanité. Soyons dans une attente gratuite, simple confiante… acceptons aussi notre pauvreté, acceptons d’être l’objet de la compassion du Seigneur, entrons dans cette nouvelle manière d’être en relation avec Lui comme un pauvre berger, comme un roi mage qui s’agenouillera…
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite
Mt 15, 29-37 « La frontière de l’Avent - Passer de l’ancien au nouveau »