« Au milieu de la nuit pour lui demander » … voilà une dimension essentielle de la vie. Hier, à la messe, nous avons entendu que le Notre Père est venu à nous parce qu’un des disciples de Jésus lui à demander de leur montrer comment prier. Quand Jésus eut terminé de prier, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. » Plus largement, aucune société ne peut vivre s’il n’y a pas, en son sein, la circulation de la demande des membres les uns envers les autres, qui la met en mouvement. Il est donc bien clair que Jésus touche plus que juste lorsqu’il dit « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. En effet, quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira ». La demande implique et entraine la réponse quasi automatiquement. Alors peut-être avons-nous seulement à prendre conscience de celui à qui Jésus nous exhorte à demander, et de ce qu’il nous propose demander : le Père et l’Esprit.
« Demander à qui »… La demande n’existe à vrai dire que parce qu’elle est adressée. Là, elle est adressée au Père, à Celui qui donne depuis toujours au Fils, à l’Esprit, à sa création. Le Père donne et, dans ce don, il reste dans l’attente de recevoir en retour. La demande, même balbutiante, hésitante que nous lui adressons est déjà un retour vers lui, le Père. Ainsi le Fils, fait homme, n’arrêtera pas de demander à son Père jusqu’à la toute fin de son existence terrestre : « que la coupe passe loin de lui, s’il est possible », se terminera en « que ta volonté Père soit faite ». La demande est d’abord une demande faite à quelqu’un, c’est la demande certes de quelque chose mais que je reçois de quelqu’un. Celui à qui je demande précède ce que je demande. La demande n’est pas que l’expression de soi, de son besoin, elle est, avant tout, adresse et reconnaissance de l’autre, expression de mon désir. Elle est, par cela, la mise en œuvre, ô combien humble, de cette capacité créatrice qui donne à l’autre d’exister, d’être reconnu. Combien d’êtres humains meurent ainsi d’être sans que personne ne leur demande rien.
« Demander quoi »… la réponse est claire, là aussi : « le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ». L’Esprit est celui par qui tout devient possible, celui par lequel je puis vivre de manière nouvelle, de manière renouvelée. Il est celui qui me donne de pouvoir tout recevoir à mon tour. Il est disponibilité véritable, il est le don parfait. Il est celui qui donne la vie véritable, celle qui relie à Dieu, au Père, aux autres. Il est celui qui me donne ici et maintenant d’être avec la sainte Trinité ouvert à mes frères et sœurs.
Alors, comme Jésus, sachons demander, nous aussi, au Père, le don de l’Esprit pour entrer dans la relation avec eux, pour vivre nous tous en plénitude. Amen.