Cette scène de confrontation nous permet au moins de pointer une chose importante en nous : la manière que nous avons de nous représenter les choses. Elle nous accompagne tout au long de la vie.
De fait dans notre conversion, une chose importante consiste à changer sa manière de voir, de comprendre et à partir de là nous entrons dans une nouvelle logique. Cette étape de conversion est douce, elle vient lorsque nous nous sommes mis en route avec notre ancienne manière de penser, que nous avons découvert l’inanité de nos efforts. L’occasion peut être multiple. Ainsi pour Ignace pris dans son chemin de perfection qui le conduit au risque du suicide, il lui est donné comme il le dit dans son Récit de « s’éveiller comme d’un rêve ». Il n’agit plus à partir d’une idée préconçue en lui mais en tâtonnant et en se laissant conduire par ce qui lui advient. Un morceau de viande qui lui apparait n’est plus identifié comme une tentation par rapport à sa décision de ne plus manger de viande mais peut-être comme un signe lui demandant de prendre davantage soin de lui. Il en parlera à son confesseur, il y réfléchira, il essaiera de se remettre à manger de la viande un peu, il s’en trouvera mieux et poursuivra dans son changement d’alimentation et même de manière de vivre. Le discernement était né en lui. Sa représentation de la manière d’agir, de prendre les chose avaient changé. Il était un autre homme.
Ou bien encore cette amie qui un jour à l’occasion d’une confession reçoit la certitude en elle que Dieu est amour. Cela lui donne l’énergie de changer de vie, d’être très active dans cette perspective aussi bien au travail, que dans la vie familiale ou sociale. Jusqu’au jour où une amie lors d’un conversation lui dit « mais tu sais que l’amour de Dieu est gratuit ». Dès lors son rapport à l’action change, elle en fait moins mais bien plus en dialogue avec le Seigneur. Elle demeure ainsi sur la même attitude de vie mais différemment.
Je suppose que pour Sainte Thérèse il en est de même. Confions au Seigneur dans nos chemins de conversion, ce moment où je me prends à faire, à comprendre, à percevoir les choses différemment et où par cela il m’est donné de suivre le Seigneur d’être autrement en relation avec lui. Que le Seigneur me donne de percevoir autrement les choses et d’en être conscient pour que ma manière de voir puisse évoluer.
en lien : Se laisser conduire https://jardinierdedieu.fr/luc-11-15-26.html
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite