Lc 9, 46-50 : savoir accompagner la croissance de la liberté de l’autre - Lundi, 26ème Semaine Temps Ordinaire - année B
Lc 9, 46-50 : En ce temps-là, une discussion survint entre les disciples pour savoir qui, parmi eux, était le plus grand. Mais Jésus, sachant quelle discussion occupait leur cœur, prit un enfant, le plaça à côté de lui et leur dit : « Celui qui accueille en mon nom cet enfant, il m’accueille, moi. Et celui qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé. En effet, le plus petit d’entre vous tous, c’est celui-là qui est grand. »
Jean, l’un des Douze, dit à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser des démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il ne marche pas à ta suite avec nous. » Jésus lui répondit : « Ne l’en empêchez pas : qui n’est pas contre vous est pour vous. »
L’évangile est pour une large part une suite de rencontres… Aujourd’hui, deux situations concrètes sont campées avec une caractéristique commune, dans leurs diversités. Elles sont, toutes les deux, produites par la liberté des disciples, qui grandit. En effet, ils prennent des initiatives, s’expriment entre eux, envers les autres, à partir de la nouvelle perception qu’ils ont d’eux-mêmes. Nous sommes déjà au chapitre 9 chez Luc après l’envoi en mission des douze, expérience d’autonomie, après être passés sur l’autre rive aussi bien d’une manière physique que symbolique.
Un moment riche d’interactions nouvelles s’offre ainsi à vivre entre Jésus et ses disciples. Il est aussi risqué car nouveau et requiert une réponse nouvelle. Le style de l’échange compte. Nous pouvons, quant à nous, y sentir le style de Jésus pour le recevoir, le faire nôtre et , par-là, savoir, nous aussi, changer d’épaule dans les situations qui s’offrent à nous de ce type… Nous ne considérons ici que la première situation, celle du groupe, car il ne nous est pas possible de tout aborder dans le temps imparti.
Que dire ? Jésus prend la mesure de la situation, il ne fait pas comme si elle n’avait pas existé. Jésus ne redresse pas non plus les apôtres par une parole comminatoire, de type royal qui ordonnerait le retour à un comportement ajusté. Jésus pose un geste prophétique : il prend un enfant, le place à côté de lui. Il confronte donc chaque disciple et le groupe, en son entier, à une vraie scène qui les déplace pour ensuite accueillir dans ce nouveau contexte une parole qui s’adresse à leur liberté et leur donnera de pouvoir se situer autrement par rapport à la discussion qu’ils venaient d’avoir entre eux .
Jésus introduit, par-là, une nouvelle perspective de la grandeur : non celle qui s’impose mais celle qui suscite l’autre grâce à son humilité. L’enfant dans sa petitesse offerte produit une ouverture dans le cœur des disciples, Jésus, de même, produit une ouverture vers Celui qui est le plus grand mais qui se manifeste comme le plus petit : le Père. Le Père, par cela, s’adresse à nos cœurs, suscite en nous notre vrai être, celui qui se laisse animer par son cœur. Prenons la mesure de cette manière d’être, laissons-la nous transformer, agissons alors à partir d’elle.
Ne plus imposer suscite la liberté de l’autre, tisse une nouvelle humanité, celle des libertés. Alors pourquoi ne pas accueillir, chacun, l’enfant que nous portons en nous. Sachons aussi qu’en chacune des personnes rencontrées un enfant attend d’être reconnu, suscité, encouragé, libéré.
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite
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