Luc 11, 37-41 : En ce temps-là, pendant que Jésus parlait, un pharisien l’invita pour le repas de midi. Jésus entra chez lui et prit place. Le pharisien fut étonné en voyant qu’il n’avait pas fait d’abord les ablutions précédant le repas. Le Seigneur lui dit : « Bien sûr, vous les pharisiens, vous purifiez l’extérieur de la coupe et du plat, mais à l’intérieur de vous-mêmes vous êtes remplis de cupidité et de méchanceté. Insensés ! Celui qui a fait l’extérieur n’a-t-il pas fait aussi l’intérieur ? Donnez plutôt en aumône ce que vous avez, et alors tout sera pur pour vous. »
Homélie prononcée lors d’une célébration avec des sœurs de Saint Joseph entrant dans l’année de préparation de la célébration de leur 375 ans de fondation au Puy en Velay le 15 octobre 1650.
Quel appel vous adresse la parole de Dieu en ce jour, moment spécial de votre histoire collective ? Recevons, ensemble, la grâce de l’entendre et de se disposer en conséquence… Mais peut être en premier lieu sachons entrer, pour chacun de nous, dans le mystère du temps… Sœur Michèle en m’invitant à me joindre à cette entrée en préparation de votre célébration de vos 375 ans de fondation m’a renvoyé à mon expérience propre…
En 1981, j’étais au Canada en train de faire mon service national au titre de la coopération lorsque j’ai célébré mes 25 ans, me posant la question d’une vocation religieuse. J’étais habité par le sentiment très fort de n’avoir rien fait de ma vie jusque-là. Aussi, lorsque, plusieurs années après, j’ai eu 39 ans, je me suis dit que j’entrais dans ma quarantième année et que j’avais douze mois pour me préparer à célébrer mes 40 ans. Et de fait une parole a pu murir au cours de cette année en mon cœur, parole de reconnaissance de tout ce qui m’avait été donné, de ce qui se donnait à moi en mon présent, d’accueil aussi de la promesse qui continuait à m’appeler… Jésus aussi a laissé sa vie mûrir. Dans l’évangile de Luc, il y a sa présence au temple à douze ans avec les docteurs, l’annonce de sa mission à ses parents et son retour à Nazareth avant d’entamer, bien des années après, sa vie publique en allant recevoir avec tout le peuple le baptême de Jean. Il y a des temps bénis qui nous sont donnés pour nous préparer, pour laisser mûrir en nous la réception intérieure de la promesse qui nous est adressée. Alors se pose à nous cette question : comment se préparer ?
La réponse pour nous chrétiens est simple : Ecouter la Parole de Dieu et lui laisser porter en nous son fruit. Alors pourquoi ne pas recevoir l’évangile du jour comme l’axe pour cheminer durant cette année. Il est bâti sur une opposition entre l’extérieur et l’intérieur, l’extérieur ce qui se voit, ce qui se contrôle, ce dont on peut tirer bénéfice, alors que l’intérieur c’est ce qui est secret, gratuit, libre… ce qui ouvre à la vraie rencontre.
Recevons cet appel adressé par Jésus à rejoindre la pauvreté en soi pour accéder à la vraie vie, celle qui se reçoit et qui du coup s'échange se multiplie… Oui au cours de ces mois, efforçons-nous de vivre non de l'extérieur que je tente de contrôler mais de la relation intérieure intime secrète. C’est une longue marche à entreprendre et sans cesse à reprendre pour chacun dans sa vie propre et secrète ainsi que dans sa contribution à la vie collective de la Communauté… Pour nous, êtres humains, le soleil se lève, monte au zénith puis s'enfonce, et nous conduit à aller vers l’intérieur de nous-mêmes à travers nos pertes… Vivre plus intimement de lui pour chacune de vous et au sein de votre communauté en elle-même… cultivons la pureté d'intention, ne cessons de la demander au Seigneur pour vivre ainsi pour Lui et alors, nous vivrons aussi pour les autres, nos frères et nos sœurs … Ainsi la simplicité de votre charisme résonnera encore une fois en chacune de vous.
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite