mais la joie qu’elle a donnée, une minute,
Jésus leur dit : « Je regardais Satan tomber du ciel comme l’éclair.
Voici que je vous ai donné le pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et sur toute la puissance de l’Ennemi : absolument rien ne pourra vous nuire.
Toutefois, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »
À l’heure même, Jésus exulta de joie sous l’action de l’Esprit Saint, et il dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance.
Tout m’a été remis par mon Père. Personne ne connaît qui est le Fils, sinon le Père ; et personne ne connaît qui est le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. »
Puis il se tourna vers ses disciples et leur dit en particulier : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez !
Car, je vous le déclare : beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous-mêmes voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. »
« Je vous ai donné pouvoir » l’enjeu de nos vies, il y a en nous une capacité de faire, de réaliser. Cette capacité est nécessaire à notre vie, elle peut aussi nous enfermer en elle. Je puis penser que je n’existe qu’à partir de ce que je fais. Dans cette scène de retour de mission, d’action, le drame de la vie humaine se rejoue, comment user justement d’un pouvoir, comment ne pas s’enfermer dans un pouvoir, ne pas exister par le pouvoir et par ce que j’éprouve en retour de mon action, comment en être délié. Les disciples reviennent et sont tout heureux de ce pouvoir donné et dont ils ont usé. Ils en parlent ouvertement au Seigneur. Le Seigneur les accueille en ce qu’ils disent mais il leur indique un autre chemin, un chemin qui les aidera à user justement de ce pouvoir dont il leur a cédé l’usage.
« Vos noms sont inscrits dans les cieux. » Mon identité, mon nom est inscrit dans les cieux, le Royaume. Mon identité je ne l’éprouve pas vraiment dans un faire [dans ce cas, c’est une projection de moi] mais dans une relation [où je me laisse être, révéler par l’autre que j’aide aussi à se révéler], et là, dans cette scène d’évangile, il s’agit d’une relation qui est extrêmement ouverte puisqu’il s’agit de tous les hommes dont les noms sont inscrits dans les cieux. L’action, le pouvoir trouvent alors là leur vraie dimension de service : contribuer à la croissance de ce royaume, à ce rassemblement. Et à travers cela, chacun grandit dans la relation aux autres. S’enrichit en enrichissant les autres, en les reconnaissant et en étant reconnu par eux.
« Jésus exulta de joie » Alors Jésus, le pauvre par excellence, qui ne retient rien de lui-même mais donne et se donne, Jésus est saisi par la joie de Dieu, par la joie du Royaume qui avance. Il mesure combien le choix de la pauvreté, de l’humilité, de la simplicité sont les vrais moyens de l’avancée de l’humanité. C’est par là que se tissent les vraies relations parce que c’est la manière de Dieu lui-même. Ce chemin lui est confirmé par la joie qu’il reçoit. La joie guide nos pas au chemin de la Paix. Que la joie gouverne nos existences, cette joie qui jaillit du cœur des enfants, du cœur des pauvres… cette joie qui émane de ce Dieu pauvre de tout donner.
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite