Les rameaux qui ont acclamé le Messie qui part à sa Passion sont devenus cendres. Ce sont un peu le peuple parti au Jourdain pour le baptême de conversion de Jean. Elles viennent se tourner vers une vie nouvelle de Pâques, la vie de Dieu lui-même, qui ressuscite de nos cendres. Tout à l’heure nous entendrons « convertissez-vous et croyez à l’Evangile », comme Jésus baptisé y appelait la Galilée. Cet appel, Joël le prophète le proclamait : « Revenez à moi de tout votre cœur ». Une différence quand même, Jésus n’appellera pas aux larmes, au deuil et au jeûne tout de suite. Il demandera seulement de « le suivre », d’accueillir avec lui le Chemin des fils et filles de Dieu bien-aimés. Le jeûne, les larmes, le deuil viendront à sa Passion, quand les cendres redevenues braises perdront Celui qui était leur souffle, leur vie. Dieu, notre vie, ne connaît que la vie et la miséricorde, alors il ne trouve que la Croix pour traverser nos violences et nos cœurs étroits. « Revenez à moi », au temps de l’Exil, c’est quand le peuple de Dieu, comme en Ukraine aujourd’hui, n’a plus de toit, de maison, de vie fraternelle, émigré ici et là à cause des puissants de la terre. Leur terre bien vivante hier est devenue cendres.
Aujourd’hui nous regardons les cendres de nos cœurs, pour les tourner vers les forces de vie du Ressuscité. Il est Dieu, vie donnée au-delà de nos morts et de nos endurcissements, quand nos oreilles n’entendent plus, quand nos yeux ne voient plus, quand nos rires se changent en larmes. Le peuple dispersé de l’Exil et de la Passion est appelé sur le chemin qui l’ouvre à la joie de Pâques. Et la joie de Pâques, elle se trouve en nous, au plus profond de nous. Le jeûne nouveau est tout intérieur, la prière nouvelle est à l’Ami qui me connaît comme son enfant bien-aimé, l’aumône et les élans de générosité qui me viennent sont réponse d’amour à l’Amour, Dieu, ce Père aux entrailles de mère. C’est cela que nous pouvons demander au Seigneur pour vivre ce temps vers Pâques. Toi l’Ami, Dieu, notre joie, notre paix, notre chemin, viens renaître de nos cendres.
Olivier de Framond, compagnon jésuite