Le soir du jeudi saint, c’est le dernier repas, le dernier temps de Jésus avec ses amis. Il les avait appelés à une vie pleine et donnée. Le repas se passe en même temps que la Pâque juive. C’est pour dire que la sortie de l’esclavage et le passage à la liberté se donnent en lui. Traverser la Mer Rouge avait demandé de manger à la hâte pour fuir les Égyptiens. C’est un autre repas qui s’offre aujourd’hui : Jésus lui-même. Le pain pour tenir, c’est son corps : « ceci est mon corps, prenez et mangez, en mémoire de moi » (1Cor 11, 24). Le vin, c’est son sang : « ceci est mon sang, prenez et buvez, en mémoire de moi » (1Cor 11, 25). Le sang, chez les Juifs, c’est la vie, qu’on ne peut jamais prendre car elle appartient à Dieu, elle vient de Dieu. Donc boire son sang est une parole incroyable. Il nous donne Dieu lui-même à recevoir en soi.
A ce même repas, Jésus trouve le geste étonnant de l’esclave envers son maître et toute personne importante qui passe : le lavement des pieds. Quand on a marché, ça fait du bien, ça soulage. Les pieds portent beaucoup : notre vie, nos actions, nos fardeaux. C’est un geste qui honore la personne. Jésus vient dire par là sa gratitude à ses amis : vous êtes ma vie, mon pain, ma joie, ma raison d’être ! Pierre n’en revient pas, ça le choque : « mais ce n’est pas à toi de nous laver les pieds » (Jn 13, 8) ! C’est l’inverse qui serait normal. Il ne se sent pas digne. Et non, communier à la vie du Christ, de cet Ami qui a tant aimé le monde, communier à son Corps, à son Sang, c’est me laisser rencontrer par la gratitude de l’Ami envers nous ! Alors à mon tour je laverai les pieds des autres, je les regarderai comme des hôtes qui ont du prix pour moi et qui me donnent d’avancer. Je prendrai soin d’eux car ils sont ma vie, ma joie, tous, les petits comme les grands.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Ex 12, 1-8.11-14 ; Ps 115 (116b), 12-13, 15-16ac, 17-18 ; 1 Co 11, 23-26 ; Jn 13, 1-15