Jardinier de Dieu

Jardinier de Dieu

Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Homélie - 11 juillet 2024 - Jeudi, 14ème Semaine du Temps Ordinaire - Année Paire

Publié par Un compagnon jésuite sur 10 Juillet 2024, 18:54pm

Catégories : #Homélies

1ère lecture : Os 11, 1-4.8C-9 ; Psaume 79(80) 2ac.3bc,15bc-16 ; Evangile : Mt 10, 7-15

La première lecture, du livre d’Osée, et l’Evangile, ne sont pas choisis l’un en fonction de l’autre (nous lisons les deux livres en parallèle). Mais ils se répondent étonnamment.

On peut entendre dans la première lecture la lamentation de Dieu : Ce peuple que j’ai aimé, que j’ai fait sortir d’Egypte, que j’ai appelé, que j’ai fait vivre, ce peuple s’est détourné de moi. Il sacrifie à des idoles qui ne le font pas vivre.

Et cette question : « Vais-je les livrer au châtiment ? Non ! (…) Je n’agirai plus selon l’ardeur de ma colère (…) : au milieu de vous je suis le Dieu saint, et je ne viens pas pour exterminer. »

Alors que fait Dieu ? Sa manière de faire, sa manière de venir « chercher » son peuple, de l’appeler à la vie, c’est celle dans laquelle Jésus fait entrer les Apôtres qu’il envoie.

A travers les consignes qu’il leur donne, il les place dans deux attitudes de fond :

1. D’abord, celle d’être en position d’être accueillis. De dépendre de l’accueil qu’ils recevront. Sans or, sans argent, sans sac. Sans moyens d’acheter de quoi se nourrir ou se loger : dans la posture de celui qui demande, qui ne peut pas se passer des autres.
Pourtant ils viennent avec un don qui semble sans prix – guérir, ressusciter. Mais ce don ne leur procure aucun droit. Aucun droit à exiger quoi que ce soit en retour – « donnez gratuitement ». Et plus encore, aucun droit à ce que leur don soit reçu. Acceptez de ne pouvoir donner que ce que l’on voudra bien recevoir, leur dit Jésus.
2. Ce qui nous renvoie au second aspect : une attitude de grand respect de la liberté. « Si l’on ne vous accueille pas (…) sortez de cette maison ou de cette ville, et secouez la poussière de vos pieds. »
Ne tentez pas de louvoyer – de « refiler » votre présence sous un prétexte ou un autre. Ne vous imposez pas. Honorez le refus qui vous est donné. Partez, clairement. Et par là même, donnez à ceux qui vous disent non de prendre clairement position. « Que votre oui soit oui, que votre non soit non ».

En leur obéissant, donnez à ceux qui vous refusent l’occasion d’entendre leur « non ».

Cette double attitude nous dit beaucoup de l’attitude du Christ, de l’attitude de Dieu :

1. Dieu ne renonce pas. Au peuple égaré, il envoie les Douze. Proclamez que le Royaume des cieux est proche. Guérissez les malades. Redites l’invitation de Dieu à son peuple.

2. Dieu ne renonce pas, mais Dieu ne s’impose pas. « Je me tiens à la porte et je frappe » dit l’Apocalypse. Si l’on m’ouvre : j’entrerai et donnerai la vie, la paix. Mais si l’on me refuse, je respecterai la fermeture. Dieu accepte de dépendre de notre liberté.

Mais il veut que nous en prenions conscience – « secouez la terre de vos sandales ». Il n’est jamais agréable de réaliser que nous disons « non » à Dieu. Mais si ce peut être douloureux, ce peut être une grande grâce – en particulier dans un temps de retraite.

Découvrir nos lieux de fermetures, nos refus… c’est souvent le premier pas vers l’accueil du Christ.

3. Troisièmement, il y a un enjeu de vie ou de mort. La fin de l’Evangile parle du jugement qui attend ceux qui le refusent. De quel jugement ? La première lecture est sans ambiguïté : Dieu ne vient pas détruire. Il ne vient pas se venger. Mais dans l’accueil ou non que nous lui faisons, il en va de la vie ou de la mort. De la vérité ou du mensonge. Lui ne cesse de frapper…

Alors nous pouvons demander cette grâce : d’entendre, peut-être, les non que nous disons à Dieu. Et surtout : de pouvoir accueillir le don de Dieu, qui nous offre la vie sans rien brusquer de notre liberté.

Et d’entrer à notre tour dans sa manière de faire.

Amen.

Un compagnon jésuite 
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