Qui a autorité pour juger ce qui est bon ? Ça ne peut pas être quelqu’un qui se l’arroge. Je peux dire que c’est Dieu. Alors seul quelqu’un qui l’entend le révélera. « Je ne peux rien de moi-même mais je rends mon jugement d’après ce que j’entends ». Le problème, c’est qu’en face, d’autres ne reçoivent pas cette parole mais voient en celui qui parle ainsi un homme qui se fait l’égal de Dieu, en disant qu’il est son Père. Le dialogue de sourds va s’amplifier, qui mènera au Golgotha dans ce long procès entre « le peuple » (ses meneurs religieux) et quelqu’un qui ne sera pas reçu, qui se dit « Fils » d’un Père, « envoyé ». Nous l’avons vu dimanche, le vivant c’est en effet un envoyé. L’aveugle-né retrouve la vue en se laissant envoyer à Siloé. L’autorité pour juger est à qui se laisse envoyer par un Autre qui connaît et ne connaît que ce qui est bon, la vérité, le chemin qui conduit à la vie. Le berger qui mène aux verts pâturages y envoie ses brebis. Le « Fils », c’est celui qui s’est laissé envoyer par lui, qu’il reconnaît comme « son Père ». Le long procès de la Passion vient séparer le jour et la nuit que les hommes ne distinguaient plus. C’est un païen qui s’exclamera : « vraiment celui-ci était fils de Dieu » !
Aujourd’hui on est gâtés en confusions de jour et de nuit, avec la chienlit française des réformes de la retraite, le monde qui continue avec ses guéguerres d’influence en Chine, en Russie et un peu partout, la terre, notre « maison commune », dont la clameur reste sans échos… Le Fils de l’Homme donne de choisir la vie : se laisser envoyer vers ce qui régénère. Le bien ne fait pas de bruit, personne ne le voit, mais il germe, il est là, en attente. J’ai pu croire, et je peux croire encore que le Seigneur m’a abandonné-e, comme l’a pleuré Jérusalem. C’est seulement une lumière qu’on éteint … parce que le Jour se lève, en Celui qui s’est laissé envoyer, jusqu’au bout. Son Jour.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Ez 47, 1-9.12 ; Ps 45 (46), 2-3, 5-6, 8-9a.10a ; Jn 5, 1-16