Nous fêtons tous les saints, nous fêtons tous ceux et celles qui sont tournés vers Dieu. L’Église a reconnu certains d’entre eux.
La sainteté n’est pas comme le prix Nobel, c.-à-d. un prix reconnaissant un apport décisif dans un champ disciplinaire.
Ici, c’est l’être, la qualité de l’être humain qui est soulignée.
On voit bien que la sainteté est manifestée par la qualité humaine et non par la piété, car la qualité humaine souligne un certain rapport à la vérité proclamée.
La sainteté est un potentiel que chacun porte en lui, et il lui revient de le faire fructifier. Il revient à chacun d’y croire et de développer ce talent qu’il porte en lui, qui contribuera à sa conversion, et qui de toute façon se manifestera par le bienfait apporté à l’humanité environnante.
Notre talent contribue à notre conversion, même si on l’associe plus spontanément à notre célébrité. Il contribue à l’entrée dans la cohorte de ceux qui acceptent d’être conduits par l’Esprit de Dieu selon sa justice.
Alors, Jésus, prenant la parole sur la montagne, énumère un certain nombre des talents dont ceux qui les portent contribuent à leur croissance selon la justice divine.
Alors, il y a ceux dont le cœur n’est rempli ni de ceci ni de cela. Ils sont disponibles. Alors, Dieu peut les appeler pour leur confier des missions particulières.
Il y a ceux qui ont la compassion rivée au corps. Ceux-là sont appelés à consoler les affligés, les souffrants sans se lasser et sans être rebutés par l’état des souffrants.
Il y a ceux qui sont en paix avec les autres ; ils sont en paix avec les Hommes, les animaux et les plantes, y compris avec la matière elle-même. Ceux-là sont appelés à être des refuges pour ceux qui cherchent la paix. Ils draineront la violence qui traverse le monde, généralement en l’attirant sur eux.
Il y a ceux dont le souci pour la justice est le cœur qui bat en eux. Ceux-là n’auront de cesse de combler cette carence dans le monde. Ceux-là aussi draineront l’injustice qui stagne dans le monde en l’attirant sur eux.
Nous pouvons reprendre chaque béatitude comme autant de talent caractérisant l’humanité. Il y a encore d’autres talents qui ne sont pas repris dans le texte. Néanmoins, il y en a suffisamment dans le texte pour que chacun puisse trouver ou reconnaître le sien. Un seul de ces talents est plus que suffisant pour occuper une vie d’Homme.
Quand nous célébrons la Toussaint, nous célébrons l’humanité qui se retrouve en ce qu’elle a de plus noble, quand chacun de nous se tourne vers l’autre à partir de ce qu’il porte de plus noble.
Certains d’entre nous ont développé une affection particulière pour des personnes qui nous ont précédées en humanité et dans la sainteté.
Vous êtes en relation avec ces personnes, par la pensée, par la prière. Probablement, l’affection n’est-elle la plus belle prière, car elle se caractérise par le bonheur que l’on éprouve en la présence de l’autre.
Cette affection est réciproque, nous pouvons l’affirmer.
C’est ce genre d’affection que nous sommes appelés à développer avec le Christ. Cette affection n’abolit ni le respect ni la distance. Elle est en revanche une prière permanente.
Nous aurons le temps d’y penser, mais à notre mort, il y a des gens qui nous attendent de l’autre côté du miroir, au moins, tous ceux pour qui nous avons de l’affection, tous ceux avec qui nous sommes en communion, même sans le savoir. Ne sommes-nous pas faits pour la rencontre ? La rencontre non plus n’abolit ni la distance ni le respect.
Père Roland Cazalis
