Entre le pardon et l’amour, qu’est-ce qui précède l’autre ? Le pardon, montre Jésus. Simon semble ne pas l’avoir vu. Les convives pas davantage. Et nous ? Une femme qui se permet de s’introduire chez vous, alors que vous ne l’avez pas invitée, déjà elle est suspecte. Quelle sans-gêne ! Et en plus elle va poser sur un des invités des gestes inouïs, qu’étonnamment celui-ci laisse se réaliser ! Il peut y avoir le choc des cultures : dans ma culture, ça se fait peut-être moins que dans des pays du Proche-Orient. Mais quand même, il a raison, ces larmes sur les pieds, cette chevelure pour les essuyer, ces baisers sur les pieds, plus encore une onction pour les parfumer, ne sont-ils pas des gestes d’amour ? Un tempérament pudique en serait peut-être embarrassé mais c’est sur, elle a montré beaucoup d’amour ! Elle les exprime ouvertement, publiquement. C’est donc que « ses nombreux péchés ont été pardonnés ». Le pardon libère l’amour, les péchés l’emprisonnent.
Faut-il pécher beaucoup pour beaucoup aimer ? Simon est-il foutu du fait qu’il a peu péché ? Non. Pécher n’est pas une obligation ! Mais « montrer » beaucoup d’amour, oui, c’est l’effet d’un pardon reçu par une personne marquée par des péchés qui sont advenus à la rumeur publique. Mais aimer, c’est quoi sinon répondre à un amour donné sans compter, inconditionnel, et que je reconnais en Celui qui aime. Dieu. Le Fils bien-aimé. Elle l’a reconnu, Simon et les convives pas encore. En fait elle est pour Simon, pour nous, Dieu qui s’invite pour appeler à un amour qui sorte des convenances et des regards figés. Il y a les péchés, … et il y a le péché du monde qui fige et paralyse le regard sur l’autre. Le pardon de Dieu fait devenir « quelqu’un », un trésor, une perle, un être vivant recréé, capable d’émerveillement. Le péché du monde l’emprisonne. Le signe d’un amour qui se donne, réponse à l’Amour de Dieu ? C’est la paix intérieure. « Ta foi t’a sauvée ; va en paix ».
Olivier de Framond
1 Co 15, 1-11 ; Ps 117(118), , 1-2, 16-17, 28.21 ; Lc 7, 36-50