Christ Roi 2020
‘Faire paître la brebis grasse et vigoureuse selon le droit’. Voilà un repère qui nous permet d’évaluer les actions adjacentes. Ainsi, chercher la brebis perdue et la ramener, panser celle qui est blessée et soigner celle qui est malade reviennent à agir également selon le droit.
Le Christ met en scène un jugement qui consiste à révéler aux gens le sens profond de leurs actes. Le roi juge selon le droit dont parle le prophète Ezéchiel.
Quel est ce droit ? Où est-il écrit ? Où mène-t-il ?
Le roi se présente comme le droit personnifié, voilà pourquoi ce droit n’est écrit nulle part.
Dans le même geste, le roi déclare que chacun porte le droit en lui. Il est le droit et pourtant chacun le porte en lui, voilà pourquoi le roi se reconnaît dans les autres.
Le roi regarde s’il est bien traité ou s’il est maltraité. Voilà son critère. Il ne demande pas aux gens combien de morts avez-vous ressuscités, combien de villes avez-vous bâties, etc. Il demande seulement, ‘m’avez-vous bien traité ?’ Car, je suis une personne. Je me reconnais en toute personne.
Bien traiter ne consiste pas nécessairement à faire l’impossible. Souvent, la tâche qu’il faudrait accomplir nous dépasse. Néanmoins, un regard peut suffire. Un regard qui embrasse ; pas un regard qui détourne la tête.
Bien entendu, on peut aborder la question sous l’angle de la compassion, et en général, c’est ce qu’exprime le regard.
Néanmoins, on peut aussi saisir le mouvement en son origine. Le droit n’est nulle obligation ou bonne action.
Il s’agit davantage d’une invitation à participer au projet monde, car il n’y a qu’un seul projet, celui que nous vivons.
Le Christ exprime cette invitation en diverses paraboles. La figure typique est l’invitation à la noce, le banquet étant prêt ou la cérémonie étant sur le point de commencer.
Le projet n’est pas de notre initiative, néanmoins, nous sommes invités à l’accomplir ensemble. Cette invitation signifie notre noblesse, le prix qu’ont les gens aux yeux du roi, l’amour.
Dans ce projet, le Christ est l’opérateur. C’est en lui, par lui et avec lui que le projet avance.
Aujourd’hui, le roi que nous célébrons au seuil du temps de l’avent, nous le sentons, nous le percevons dans notre propre être, nous le voyons quand le droit nous fait signe du regard.
S’il arrive à capter notre regard, s’il nous atteint, alors c’est qu’il est en nous. Heureux sommes-nous !
Paul, dans sa lettre aux Corinthiens, nous dit que nos actes de regard ne sont pas des actes éphémères, qui se dissolvent dans l’espace et le temps.
Nos actes sont notre participation au projet monde. Nous devenons coopérateurs du droit qui agit en nous, par nous et avec nous.
Ces actes convergent inexorablement vers un horizon que Paul nomme « Dieu est tout en tous ».
Néanmoins, nous n’avons pas besoin d’attendre la parousie pour percevoir cet horizon. Ezéchiel et le psaume 22 convergent en faveur de cette ouverture du temps avant l’heure.
D'un côté, le Seigneur Dieu dit que je viendrai en personne prendre soin de mon peuple. Chacun d’entre nous a besoin de soin personnalisé, et probablement le soin le plus efficace est la rencontre. De l’autre, on entend s’élever le chant du psalmiste.
La vie n’est pas devenue tout d’un coup un long fleuve tranquille. Le psalmiste ne chante que la grâce de l’ouverture du temps.
Roland Cazalis, compagnon jésuite
Ez 34, 11-12.15-17 ; Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6 ; 1 Co 15, 20-26.28 ; Mt 25, 31-46
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