Un psalmiste dit « Heureux les hommes dont tu es la force : des chemins s'ouvrent dans leur cœur ! Quand ils traversent la vallée de la soif, ils la changent en source ; de quelles bénédictions la revêtent les pluies de printemps ! » Quand la soif rencontre les pluies de printemps, alors on se dit que la délivrance est proche.
Cette année, nous expérimentons une sensation de soif particulière. En effet, nous vivons dans une ambiance un peu pesante, renforcée par la crise sanitaire. Nous espérons vraiment pouvoir relever la tête, humer l’air d’un vrai printemps signifiant la fin de l’arythmie saisonnière.
Car, Pâques est déjà sur nous ! Il est vrai que la liturgie est itérative. Chaque année, elle nous fait repasser par les mêmes lieux. Ce faisant, elle veut réveiller les endormis, secouer les étourdis, ramener à la raison ceux qui ont perdu le nord et rappeler à ceux qui ne perdent jamais espoir que l’invitation du psalmiste est toujours ouverte.
La parabole que constituent la passion et la résurrection n’a jamais été aussi actuelle. La crise sanitaire est sans doute symptomatique. Elle met en lumière l’état des lieux et les conséquences de nos pratiques. Nous vivons dans un contexte mondialisé, mais nous n’avons pas encore les règles de bienséance qui lui soient assorties. Des pratiques répréhensibles, en marge d’un marché dans un coin de Chine, peuvent maintenant avoir des conséquences mortifères sur toute la planète. C’est la troisième fois que se rejoue ce mauvais scénario en si peu de temps. Il faut gourmander puis éduquer ces étourdis où qu’ils se trouvent.
À entendre la presse, on dirait qu’il y a une compétition entre les soins à apporter aux patients et la sauvegarde des droits de certains commerces. Est-ce que les morts font du commerce ? Nous nous rendons compte que nous nous sommes fourvoyés en vendant notre âme à la loi du marché et avoir cru à la vertu du moins cher, à celle de la délocalisation, etc. Nous avons perdu la sécurité alimentaire, sanitaire et les autres nécessités de base. Il y a des conversions à faire pour récupérer le bon sens et nous-mêmes.
Pâques nous fait signe. Cette année plus que les autres, nous voulons laisser la pesanteur derrière nous, mais non pas pour un sage retour à la normale. Il ne s’agit plus de reprendre les mêmes pratiques, de revenir à l’ordre cannibale du capitalisme contemporain, pour citer Jean Zigler, l’ex-rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation. Notre désir est devenu plus sobre. Nous voulons simplement qu’un chemin neuf s’ouvre dans les cœurs, car l’heure est venue de vivre.
Roland Cazalis
A cause de la crise du coronavirus, des nouvelles mesures ont été appliquées depuis le 24/03/2020 à Namur. Donc, quelques informations de ce bulletin ne sont plus valables.