Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


La solitude du Christ

Publié par Jardinier de Dieu sur 27 Mars 2020, 13:10pm

Catégories : #Pensée du jour biblique

En ce moment, nous subissons le confinement à cause de la pandémie. Nous pouvons nous sentir seuls, mais pensez-vous à la solitude du Christ, notre Seigneur? 
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Voici que le Seigneur Jésus entre et s'enfonce dans la solitude. C'est ainsi d'ailleurs qu'il avait commencé son ministère public, dans la solitude du désert, comme signe annonciateur d'une autre solitude, celle du désert de la souffrance et de la mort. Et, entre ces deux moments où le Christ a connu la solitude, il avait désiré, d'un grand désir, rassembler les enfants de Jérusalem dispersés, à la manière affectueuse dont une poule rassemble ses poussins.

Il avait choisi des disciples pour que ces disciples soient avec lui toujours, mais surtout durant son épreuve. Il avait accompli cette parole du psaume : "J'ai veillé sur les pas de mes amis". Il leur avait partagé son pain, il leur avait donné sa parole, il en avait fait les témoins de ses miracles, de ces signes de sa gloire. Et aujourd'hui, ses disciples, ses proches, ses amis l'abandonnent. Si encore, comme dit le psaume, c'étaient les derniers venus ou des étrangers, mais vous, mes proches, mes amis, ceux qui ont fait ma vie, jour et nuit, depuis des années.

Le Seigneur entre dans cette solitude. "Ce que tu as à faire, fais-le vite". dit-il à l'un. Tu parles bien fort, Pierre, mais tu parleras encore plus fort quand il s'agira de me renier. Et pourtant, au cœur même de ces paroles, au fond dures, et cependant miséricordieuses, il y a cette autre parole du Christ : "Mes petits enfants, vous me chercherez." Car le Seigneur sait très bien que le fond du cœur de l'apôtre, même s'il est recouvert par la trahison, par le refus, est quand même habité par cette recherche permanente, cette recherche d'ailleurs, qui en cette vie, n'aboutit pas.

"Vous me chercherez, mais là où je vais, vous ne pouvez pas venir." Car là où va le Christ, c'est justement cette extrême solitude. Jésus, le Fils de Dieu, le Fils de l'Homme est mort seul. Et il est mort seul, parce qu'il ne pouvait pas ne pas mourir seul. Pourquoi ? Parce que, pour lui, cette solitude extrême a été la forme supérieure, la forme définitive de son affection, non moins extrême pour les siens lorsque cette affection, a pris l'allure définitive du don fait en plénitude.

Et nous, les disciples d'aujourd'hui comme ceux d'hier, nous ne pouvons pas le suivre, nous ne pouvons pas connaître cette solitude extrême, parce que nous ne connaissons pas son affection extrême. Parce que nous n'aimons pas jusqu'au bout, parce que, en chemin, nous partons, pour de l'argent ou pour autre chose. Parce qu'en chemin, nous nous laissons prendre par ces questions des servantes qui nous entourent : "Tu le connais, toi, tu es avec lui ?" Et nous, sans trop réfléchir, nous disons non. Nous ne pouvons pas connaître, nous ne pouvons pas vivre la solitude extrême du Christ, parce que nous n'arrivons pas vivre son amour extrême pour nous.

Cependant, il faudrait que ces trois jours que nous allons vivre soient quand même un peu habités, en nous, par cette solitude du Christ. Il ne faudrait pas que nous passions ces trois jours comme les autres jours de notre vie ou alors, nous aurons vécu cette Pâque, en restant à l'extérieur des murs de Jérusalem. Il faudrait qu'en ces journées, nous puissions nous aussi, être un peu plus silencieux dans notre cœur, avec nos lèvres et nos sentiments. Que nous puissions être un peu plus méditatifs, tournés, non plus vers nos péchés, vers nos trahisons, mais vers le visage défiguré puis glorifié du Seigneur. Il faudrait que nous puissions un peu plus, en sa compagnie, connaître sa solitude, non pas la nôtre, non pas nos problèmes, mais la sienne. Connaître sa solitude de façon à ce que nous puissions aller au plus profond de la compréhension de son mystère, que nous puissions comprendre un peu plus, et en vérité, ce que son cœur de Dieu va vivre au moment où son cœur d'homme va cesser de vivre. Cette extrême solitude, mélangée à cette extrême affection qui vont devenir en sa résurrection, communion entre nous et lui.

AMEN

Is 62, 11-  Is 63, 7 ; Jn 13, 21-38 - Mercredi Saint, C.

Homélie du Frère Michel Morin, http://moinesdiocesains-aix.cef.fr/index.php/homelies-sp-15820/semaine-sainte/mercredi-saint/2562-la-solitude-du-christ

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