Jardinier de Dieu

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Les onze disciples : la manière d'évangéliser. Fête de St François Xavier

Publié par Père Jean-Luc Fabre sur 3 Décembre 2010, 17:05pm

Catégories : #Saints

 

Les onze disciples s’en allèrent en Galilée, sur la montagne que Jésus leur avait désignée. En le voyant, ils se prosternèrent ; mais il y en eut qui doutèrent. Et Jésus s’approchant leur parla ainsi : « Toute puissance m’a été donnée dans le ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous toujours jusqu’à la fin du monde. »

Aujourd’hui nous ne cessons en Eglise, de parler de « nouvelle évangélisation ». Des structures qui lui sont dédiées, apparaissent. Ainsi à la paroisse étudiante de Toulouse, de petites cellules d’évangélisation sont organisées cette année. Benoît xvi, lui-même, a récemment institué le Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation. Les Etats Généraux du christianisme, animés par l’hebdomadaire « La Vie », ont abordé cette question à Lille en début d’année scolaire…

La finale de l’Evangile de Saint Matthieu, qui a été retenue pour la fête du Saint Patron des Missions Saint François-Xavier (avec Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Saint Face), a certainement quelque chose à nous dire sur l’évangélisation… puisqu’il y est question d’« aller », d’« enseigner », de « baptiser »… ce qui va bien avec l’évangélisation.

Prenons le temps de bien entendre ce qui est dit en se rendant attentifs aux connotations pour saisir l’art et la manière de faire proposé par le Seigneur…

Nous pouvons retenir quatre aspects du passage d’évangile.

 

·       Le premier : les Onze, ne sont pas les Onze apôtres mais les Onze disciples. Ainsi, ceux qui vont enseigner, baptiser toutes les nations, sont des disciples qui vont vers d’autres, appeler à devenir, eux-mêmes, disciples.

·       Que dire alors de l’enseignement ? Le Seigneur dit aux disciples qu’ils auront à « apprendre aux Nations à observer tout ce que je vous ai commandé ». C’est donc essentiellement une expérience à communiquer, celle vécue entre Jésus et les premiers disciples. Il ne s’agit donc pas de notions inconnues des autres à inculquer mais un art de vivre, « observer ce qui a été commandé », qui se transmet toujours dans la durée d’un échange long puisqu’il faut « apprendre à observer».

·       La puissance qui produit ce mouvement,  elle est au Seigneur et à Lui seul, puissance qui est globale puisque Jésus dit que « Toute puissance m’a été donnée dans le ciel et sur la terre ».

·       Jésus annonce également dans ce dispositif  sa présence fidèle auprès des disciples : « je suis avec vous toujours jusqu’à la fin du monde ».

Repérer ces quatre éléments donne le contour de l’évangélisation avec à la fois l’amplitude de la démarche proposée. Il ne s’agit rien de moins que de la vie entière de tout l’univers : Jésus dit « dans le ciel et sur la terre » avec « toutes les nations ». Ce qui va de pair avec une attitude, avec un style extrêmement humble. « Aller, enseigner une manière, baptiser », sont des actes pauvres, d’ouverture qui ne se suffisent pas à eux-mêmes… Ces actes se nourrissent de ce qui a été vécu, de ce qui se vit entre le disciple et son Seigneur, entre le disciple et celui qui le devient, entre celui qui transmet et celui qui reçoit. Des actes modestes qui donnent de révéler la présence, déjà là, agissante et aimante de Dieu le Père, du Christ Ressuscité, de l’Esprit… Au global ce qui est proposée comme idéal, c’est une action qui ne cherche qu’à permettre de contempler, de recevoir, qu’à former au sein de l’univers cette capacité à dire merci, à rendre grâce, à aimer…
C’est l’aune à partir de laquelle chacun de nous est appelé à mesurer sa propre action. En quoi mon action est-elle attestation du bienfait reçu ? En quoi aide-t-elle l’autre à prendre conscience du mystère dans lequel il est déjà immergé ? En quoi introduit-elle l’autre dans l’art et la manière du Seigneur ? En quoi est-elle libre de pouvoir ? Entrer dans ce questionnement ne peut, incidemment, que réduire profondément notre surcharge de labeur… Nous n’avons rien à faire, nous ne sommes pas importants, nous avons seulement à contempler dans l’action, donner à célébrer ce qui est donné depuis toujours à chacun mais qui ne peut se recevoir vraiment que d’écouter une voix irréductible à la sienne.
C’est bien de cette manière que Saint François-Xavier a terminé sa vie au bord de la Chine, sur une Ile, contemplant le Christ en Croix agissant mystérieusement là où il ne pouvait plus aller lui. C’est bien ainsi que vivent les groupes de mission de la paroisse étudiante faisant une large place à la prière commune. C’est bien ainsi que Benoît XVI conçoit cette nouvelle évangélisation: «Nous ne cherchons pas l’écoute pour nous mêmes– nous ne voulons pas augmenter le pouvoir et l’extension de nos institutions – mais nous voulons nous mettre au service du bien des personnes et de l’humanité en faisant place à celui qui est la Vie. Cette expropriation du moi, en l’offrant au Christ pour le salut des hommes, est la condition fondamentale d’un authentique engagement pour l’Évangile»[1].
Osons vivre et parler à ce niveau, ne doutons pas et le monde croira à l’Amour.


1]La nouvelle évangélisation Conférence du cardinal Joseph Ratzinger lors du Jubilé des catéchistes(*) Texte original italien dans l’Osservatore Romano des 16-17 décembre. Version en français de la Congrégation pour le Clergé, revue par la DC. La documentation catholique • 21 janvier 2001 • N° 2240, 91-95 

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