En ce temps-là, Jésus disait aux foules : «Le royaume des Cieux est encore comparable à un filet que l’on jette dans la mer, et qui ramène toutes sortes de poissons. Quand il est plein, on le tire sur le rivage, on s’assied, on ramasse dans des paniers ce qui est bon, et on rejette ce qui ne vaut rien. Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges sortiront pour séparer les méchants du milieu des justes et les jetteront dans la fournaise : là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. » « Avez-vous compris tout cela ? » Ils lui répondent : « Oui ». Jésus ajouta : « C’est pourquoi tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. » Lorsque Jésus eut terminé ces paraboles, il s’éloigna de là.
« Quand il est plein », Le Seigneur termine son discours sur le Royaume, il use de l’image du filet que l’on tire de la mer avec plein de poissons qui sont ensuite triés sur le rivage. Il manifeste ainsi le terme, la fin du monde, en évoquant pour son auditoire la finale du premier des psaumes, cette incapacité pour les injustes de se tenir au rassemblement des justes… Mais cette image évoque surtout la dimension autre du Royaume en ce monde, au-delà de notre vie courante mais qui donnera lieu à un jugement… Le Royaume en notre vie historique consiste seulement en une manière d’être, une attitude… Elle ne s’impose jamais comme une réalisation concrète, tangible mais elle colore toute l’existence des personnes et des peuples… Elle produit un fruit qui s’insère dans le quotidien des jours en les colorant… On ne peut l’isoler en tant que tel, mais au terme elle se révèle dans la manière qu’aura eue chacun de se tenir dans l’existence…
« Un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien » Après son discours le Seigneur demande à ses auditeurs s’ils ont compris ce qu’il vient de dire… Ils répondent « oui », il a parlé en paraboles pour évoquer avec eux une réalité nouvelle, une manière nouvelle d’être… Il signifie cela en évoquant la manière du disciple du Royaume, « qui tire de son trésor du neuf et de l'ancien ». La vie demeure avec sa nécessité qui s’impose, mais le Royaume se manifestera par la manière qu’aura le disciple de répondre, la manière dont il tirera de son fond. Ainsi la manière de soigner sera marquée par les capacités techniques de l’époque mais aussi par la manière dont chacun se comporte, se situe devant l’autre souffrant. Et cela se joue dans la manière dont chacun initie, donc chacun tire de son trésor. Son action d’amour aura un certain effet mais se perdra aussi dans la coulée de l’histoire. Elle aura été simple mais réel témoignage de réponse au Seigneur, attente de son retour.
« Lorsque Jésus eut terminé ces paraboles, il s’éloigna de là. » Le Seigneur s’éloigne pour que l’histoire de sa manifestation avance… Déjà dans sa vie quotidienne, il met en scène sa disparition, l’ouverture à l’action des autres, son autorisation. Pour que d’autres entrent dans la promesse, puissent à leur tour figurer ce qui, pas à pas, se développe au sein du monde, sans en être : le Royaume !
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite
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