Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Mc 9, 41-50 Tout homme sera salé au feu

Publié par père Jean-Luc Fabre sur 28 Février 2019, 16:21pm

Catégories : #2013 Evangile piste de réflexion

Jeudi (7e semaine du temps ordinaire) 
Marc 9, 41-50 En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense. « Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. Et si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas. […] Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le. Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds. […] Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas. Chacun sera salé au feu. C’est une bonne chose que le sel ; mais s’il cesse d’être du sel, avec quoi allez-vous lui rendre sa saveur ? Ayez du sel en vous-mêmes, et vivez en paix entre vous. »

Un feu à savoir traverser…

Sont mis en tension la vie présente et la vie future et cela de bien des manières, récompense ou châtiment qui nous semblent disproportionnés… De la même façon, les remèdes pour le temps présent sont terribles : devenir manchot, estropié, borgne… La parole de Dieu, de Jésus nous laisse forcément dans un grand état de perplexité… Et pourtant. Oui et pourtant…

Le Seigneur de cette manière essaie de nous faire comprendre qu’il y a deux axes en nos vies, celui de notre faire qui nous rend attentif aux conditions de notre situation, qui nous installe, nous rend actifs dans cette perspective. Mais qu’il y a aussi un autre axe celui de notre être, où nous devenons à travers ce qui nous arrive, ce que nous en faisons. Mais là, nous considérons proprement notre être au-delà de la situation présente, nous considérons les enjeux impliqués par les relations profondes. Deux regards peuvent toujours être ainsi posés sur la réalité, celui qui la retourne vers l’installation de ce que nous voulons et celui qui nous invite au devenir de notre être à travers ce qui s’impose à nous. Ces deux regards orientent fortement la manière que nous aurons d’entrer en relations avec nos frères, avec notre Dieu, avec le Seigneur Jésus. Maitrise avec fermeture, ouverture avec pauvreté…

Ce choix est essentiel… Alors que dire des propos du Seigneur ? Sont-ils excessifs et, de là, à traiter avec circonspection ou ne peuvent-ils pas être entendus autrement ? Ne se réalisent-ils pas de fait dans la vie de chacun… L’histoire des saints, la nôtre peut-être, peut nous indiquer que les blessures que nous recevons dans la vie peuvent être de puissants moyens pour nous donner de nous retrouver établis sur l’axe de l’être et être capable d’user du faire comme d’un moyen ordonné à l’être. Pensons ainsi à celui qui allait devenir Saint Ignace, le traumatisme du boulet de Pampelune sera la cause tangible de son retournement… Nous-mêmes à tout âge, un choc de santé, de situation, juste ou injuste d’ailleurs mais qui s’impose à nous, nous donne la possibilité de reconsidérer notre vie, d’envisager autrement notre manière de vivre. Nous ne sommes pas loin du devenir ainsi borgne, boiteux ou manchot… et de pouvoir entrer dans le Royaume, au-delà de nos rêves et de nos efforts de conversion…

Peut-être bien que la perle de cette parole de Dieu consiste à ne pas rêver d’une vie aseptisée, programmée, sans aléas. C’est à travers cela qu’il nous est donné de devenir vraiment, de changer nous-mêmes. Une peau porteuse d’une cicatrice peut être très belle. Nous ne pouvons devenir sans épreuve. Sachons l’accueillir et nous tourner là vers le Seigneur.

père Jean-Luc Fabre
photo http://une-phenix-en-71.over-blog.com/90-index.html
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