Cette année, le temps de l’Avent arrive dans un contexte un peu « bizarre » ! Certains s’attendent à la fin du monde, le 12 ou le 21 décembre de cette année, c’est-à-dire, avant même la fête de Noël.
Oui, il paraît que beaucoup de personnes, trop à l’écoute des astres… sont inquiètes.
Et la Parole de Dieu qui ouvre ce temps de l’Avent, prise à la lettre, risque de renforcer cette angoisse. Le langage est sévère et apocalyptique. Il nous invite cependant à aller au-delà des images et phénomènes catastrophiques, les cataclysmes. Non, il ne faut pas les prendre à la lettre.
Le chrétien ne prend pas la Parole de Dieu à la lettre, mais cherche en en percevoir le coeur, l’enseignement profond qui passe par les mots et les images mais les dépassent.
Oui, le fondamentalisme est une solution de facilité.
Dans ce contexte, un seul conseil : prier, aimer, vivre, faire des projets, avancer, être dans la confiance et dans l’espérance.
Ce mois
de décembre, avec le temps de l’Avent nous invite non pas à la peur, mais plutôt à l’espérance et à la confiance. C’est cela le grand message de l’Evangile du premier dimanche de l’Avent, en lien étroit avec la
première lecture du livre de Jérémie. Cette Parole de Dieu parlent de la fin d’une période très difficile, l’avènement immédiat d’un sauveur, un futur proche, la fin de la persécution du peuple
d’Israël qui vivra désormais dans la justice et le droit, et l’épilogue de notre histoire avec le retour glorieux du Christ qui viendra comme Juge et Sauveur, un Juge qui nous juge avec Amour et
dont nous n’avons rien à craindre et un Sauveur qui nous libère de ce qui nous empêche d’être totalement au Père et qui nous met sans cesse dans l’angoisse et le désespoir. Ce temps est donc
porteur d’une promesse. Cette attente invite à l’espérance. C’est une attente joyeuse d’un événement heureux. Pour en comprendre toute la portée, il nous faut aller à ses origines.
Dans l’antiquité pré-chrétienne, « Adventus » (Avent) signifiait la venue d’un empereur et la préparation du peuple pour l’accueillir. Cela pouvait aussi signifier la venue d’une divinité païenne
qui devait être accueillie et célébrée par le peuple. Le christianisme adopté ce terme « Adventus » en lui donnant une signification toute nouvelle pour l’appliquer à la venue du Christ. Mais au
début, il ne s’agissait pas d’un terme liturgique renvoyant à la période avant Noël. Par le terme Adventus, les premiers chrétiens voulaient affirmer que le Christ Seigneur est « Celui qui vient
», qui entre dans notre vie, se rend présent et agissant, participe à nos angoisses et à nos problèmes du quotidien. Tout cela pour confesser que le chrétien n’est jamais seul ni abandonné à
lui-même. Le Christ, en effet, « vient » à tout moment pour nous libérer de la peur et de l’angoisse, pour nous réconforter aux moments d’épreuves et de découragement. Le Christ « vient »
toujours à nos côtés, même quand les adversités et soucis du moment présente et de l’histoire nous disent qu’Il est absent et lointain. Il marche et accompagne le peuple d’Israël opprimé et
persécuté, et c’est cette présence et ce soutien permanent du Seigneur qui nourrissent l’espérance du peuple.
Le terme Adventus, Avent manifeste notre relation au Christ, dans l’histoire : Celui qui était, qui est et qui vient. Un Christ qui embrasse le passé, le présent et le futur. Par rapport au
passé, le Christ est déjà venu dans la chair en s’incarnant dans le sein de la Vierge Marie une fois pour toutes dans l’Avent de Bethléem il y a plus de deux mille ans. Par rapport au présent, le
Christ vient continuellement nous visiter dans la vie de chaque jour avec sa présence mystérieuse mais certaine et assurée : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin de temps »
(Mt 28,20). Par rapport au futur, il viendra à la fin des temps, quand le temps présent sera consumé lors du Jugement Dernier. Dans ces trois dimension, sa venue se réalise et une attente
favorable, une préparation se fait de notre part, comme le dit saint Paul dans la première lettre aux Thessaloniciens : (3, 12-13) « Que le Seigneur vous donne, entre vous et à l'égard de
tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous. Et qu'ainsi il vous établisse fermement dans une sainteté sans reproche devant Dieu notre
Père, pour le jour où notre Seigneur Jésus viendra avec tous les saints »
Le sens de cette exhortation est clair et ne concerne pas une seule période de l’histoire ou de notre existence, mais l’entier parcours de notre histoire et de notre vie. C’est cela la
signification de l’Avent. C’est une attente qui embrasse toute notre vie et toute l’histoire, et pas seulement un temps de l’année, résumé en quatre semaines avant Noël. Cette attente est de
chaque jour parce que notre vocation est de rencontrer le Christ qui est, qui était et qui vient.
C’est seulement à partir du IV siècle que le terme « Avent » va être appliqué à la période liturgique qui prépare les chrétiens à la célébration de Noël. Mais cette signification liturgique est
un rappel que notre existence est une attente, et cette attente est un impératif pour chaque chrétien. D’ailleurs, c’est la célébration de ce temps qui nous rappelle que cette attente est un
facteur déterminant de notre existence. Et quand on attend un Sauveur, on n’a pas peur, mais on est dans la confiance et dans l’espérance. Il ne s’agit pas de la fin du monde, mais l’appel à
construire un monde meilleur, un monde d’Amour, de Justice et de Paix.
Père BAVURHA BAHATI Joseph, Curé du secteur paroissial de St-Loup Cammas, diocèse de Toulouse