Lundi 14e semaine du temps ordinaire
L’Évangile de Matthieu dit que quand la femme toucha le manteau de Jésus, Lui, « se retournant », « la vit » ( v. 22 ) puis lui adressa la parole. Comme nous le disions, en raison de son état d’exclusion, la femme a agi de manière cachée, derrière Jésus, elle avait un peu peur, pour ne pas être vue, parce qu’elle avait été rejetée. Jésus en revanche la voit, et son regard n’est pas un regard de reproche, il ne dit pas : « Va-t’en, tu es une rejetée! », comme s’il disait : « Tu es une lépreuse, va-t’en! ». Non, il n’adresse pas de reproches, mais le regard de Jésus est un regard de miséricorde et de tendresse. Il sait ce qui s’est produit et cherche la rencontre personnelle avec elle, ce qu’au fond, la femme elle-même désirait. Cela signifie que Jésus non seulement l’accueille, mais la considère digne de cette rencontre au point de lui faire don de sa parole et de son attention.
Dans la partie centrale du récit, le terme salut est répété trois fois. « Si seulement je touche son manteau, je serai sauvée. Jésus se retournant la vit et lui dit : “Aie confiance, ma fille, ta foi t’a sauvée”. Et à partir de ce moment la femme fut sauvée » (vv. 21-22). Ce « aie confiance ma fille » exprime toute la miséricorde de Dieu pour cette personne. Pour chaque personne rejetée. Combien de fois nous sentons-nous intérieurement rejetés en raison de nos péchés, nous en avons tant commis, nous en avons tant commis... Et le Seigneur nous dit : « Courage, Viens ! Pour moi tu n’es pas rejeté, rejetée. Aie confiance ma fille. Tu es un fils, une fille ». Et cela est le moment de la grâce, c’est le moment du pardon, c’est le moment de l’inclusion dans la vie de Jésus, dans la vie de l’Église. C’est le moment de la miséricorde. Aujourd’hui, à nous tous, pécheurs, que nous soyons de grands pécheurs ou de petits pécheurs, mais nous le sommes tous, à nous tous le Seigneur dit : « Aie confiance, viens! Tu n’es plus rejeté, tu n’es plus rejetée: je te pardonne, je t’embrasse ». Telle est la miséricorde de Dieu. Nous devons avoir du courage et aller auprès de Lui, demander pardon pour nos péchés et aller de l’avant. Avec courage, comme l’a fait cette femme. De plus, le « salut » revêt plusieurs caractéristiques: avant tout, il restitue la santé à la femme ; puis il la libère des discriminations sociales et religieuses ; en outre, il réalise l’espérance qu’elle portait dans le cœur en éliminant ses peurs et sa gêne ; enfin, il la rend à la communauté en la libérant de la nécessité d’agir de manière cachée. Et cette dernière chose est importante: une personne rejetée agit toujours de manière cachée, quelques fois ou toute la vie: pensons aux lépreux de cette époque-là, aux sans-abri d’aujourd’hui...; pensons aux pécheurs, à nous pécheurs : nous faisons toujours quelque chose de manière cachée, nous avons la nécessité de faire quelque chose de manière cachée parce que nous avons honte de ce que nous sommes... Et lui nous libère de cela, Jésus nous libère et nous relève : « Lève-toi, viens, debout! ». Comme Dieu nous a créés : Dieu nous a créés debout, pas humiliés. Debout. Ce que Jésus donne est un salut total, qui réintègre la vie de la femme dans la sphère de l’amour de Dieu et, dans le même temps, la rétablit dans sa pleine dignité.