« Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent ». Le Fils l’a vécu, Jésus. Ainsi est-il pleinement homme et pleinement Dieu, « parfait » à la manière du Père. Ainsi donne-t-il la vie. Ainsi ouvre-t-il la vie, avec « autorité », en faisant grandir l’humain en nous. Et il n’y a pas plus humain que Dieu. Je me rappelle un mot d’un compagnon d’hier. Il disait : « notre plus grand ennemi, c’est souvent … nous-mêmes ». Celui qui barre la route de la Vie, d’une parole libre, d’un regard bienveillant, sur l’autre et sur soi-même, c’est souvent soi. Bien sûr il y a les ennemis qui font mal, parfois physiquement, plus généralement intérieurement, par des gestes, des mots, des regards, des intonations. C’est qu’eux-mêmes ne sont pas advenus à leur « vocation », c’est-à-dire à ce qu’ils sont en vérité. Leurs soifs ont été barrées, comme interdites, sans issue. Alors ils n’ont plus trouvé qu’une ombre d’eux-mêmes, qui a pu faire d’eux pour moi, pour l’autre, des ennemis. Le Christ Jésus vient ouvrir la vie que j’étouffe, en moi, en l’autre. Qu’il soit béni, que la Terre exulte. Réjouissons-nous que Dieu est Dieu.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
2 Co 8, 1-9 ; Ps 145 (146), 2, 5-6ab, 6c-7, 8-9a ; Mt 5, 43-48