« Je suis le Seigneur », finit la première lecture, comme un phare qui éclaire ce qui vient d’être dit. Mais qui peut l’entendre ? « JE SUIS le Seigneur », cette parole va aux cœurs. Elle t’appelle, toi, et tout son peuple, à « être saint » comme lui est saint. Mais quelle est cette sainteté ? C’est ce qui me fait choisir la Vie, et quitter le chemin de la haine, sans renoncer à réagir si je vois l’autre s’égarer de la sainteté ! C’est fort, cela. Ne pas haïr, ce n’est pas gagné, mais ne pas haïr l’autre et le reprendre s’il s’égare, là c’est divin, ce n’est pas moi, ça ! C’est cela, entendre « Je suis le Seigneur », en toutes choses de la vie. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », est-ce plus facile ? Entendre « Je suis le Seigneur » me fait entrer dans la vie comme dans une relation à toi, Dieu, avec le prochain, avec moi-même, avec le monde. C’est dur d’entendre que pas loin de nous on se tape dessus sans pitié, dans un espace dévasté inhumain. Et d’autres râlent et ont peur de bosser trop vieux sans coin de paradis. Une voix inaudible dit : « Je suis le Seigneur ».
Aimer le prochain comme soi-même devient « aimer ses ennemis », nous appelle à la sainteté des enfants du Ciel. Dieu, ce pauvre, n’est tourné que vers la Vie. Il ne connaît qu’elle. Tout ce qui est à lui est à l’autre. Qui peut recevoir un tel Dieu ? Il est la vie, la sainteté, et personne ne semble en vouloir. Entendre « Je suis le Seigneur », pour Paul, c’est passer du « tout m’appartient », Paul, Apollos et Pierre, le monde, la vie, la mort, le présent, l’avenir, ... à « tout recevoir » en Celui qui éveille à la vie, à l’Esprit. « Tout est à vous, mais vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu ». Tout, même les « ennemis », celles ou ceux qui ne fonctionnent pas comme moi, les purs rationnels ou l’inverse, les organisés ou les pagailleux, les visionnaires abstraits ou les esprits pratiques attentifs au détail, etc. ! Nous avons parfois une rapidité étonnante à percevoir l’autre comme un ennemi, entre nous, proches, je trouve ! Mais « ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu » ? Des pieds qui nous ancrent dans la terre au visage qui s’ouvre au souffle du ciel, je m’éveille à la voix qui rythme la route : « Je suis le Seigneur ».