Avec Lazare nous sommes mis devant le « passage » à accueillir, Pâques qui approche. Nous sommes appelés à une traversée qui nous mènera au-delà d’un tombeau vide quand Celui qui ouvre nos tombeaux y sera lui-même projeté. « Si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort », disent les 2 sœurs, en refrain. Bientôt elles ne pourront plus le dire. Elles trouveront un tombeau vide. Le passage à vivre auquel le Fils appelle semble être celui du savoir au croire. « Vous saurez que je suis le Seigneur », dit Ézékiel. Je « sais » qu’il ressuscitera un jour, dit Marthe. Marthe croit-t-elle vraiment ? Il paraît qu’il aurait fallu entendre « j’ai cru » si on avait bien traduit, et non « je crois ». Après la Passion et le tombeau vide, il n’y aura plus de place que pour croire. Les tombeaux que sont nos vies d’exilés végétant, sans terre ni berger, s’ouvriront. Notre terre, notre berger, seront en nous, au milieu de nous. Toute terre sera notre maison. Ce sera le signe d’un tombeau vide traversé. Ce sera le signe de la naissance à un je crois, qui se laisse rencontrer par le Christ, plus encore que par Jésus à qui elle était encore scotchée. Ce sera un « je crois » tendu vers un horizon, en chemin. Ce sera la naissance de la fraternité. Lazare, mais nous tous en fait, nous serons entre nous des frères et sœurs du Ressuscité.
« Des profondeurs je crie vers toi Seigneur ». Avec Lazare, Jésus nous fait traverser jusqu’à la mort et son odeur – ça pue la mort – Parvenir à croire demande une traversée qui ne peut se faire à moitié. Il y aura à traverser la Passion, jusqu’au tombeau. Soit nous vivons le passage, soit nous restons sur le bord mais alors il n’y a pas d’Esprit. Lazare nous fait faire un pas de plus vers un « je crois » véritable, « tu es la Vie, le Chemin, la Résurrection ». Monter vers Pâques ouvrira nos tombeaux. Alors le disciple naîtra, Il y aura à traverser bien des émotions, bien des savoirs. Il y aura à traverser nos infirmités, nos aveuglements, et même la mort, jusqu’au tombeau vide de Celui qui nous relevait. Notre pèlerinage sur terre trouvera son sens quand « je crois » jaillira de nos cœurs. L’infirme, l’aveugle-né de dimanche dernier, était là pour révéler la gloire de Dieu. Et non seulement l’infirme, enfermé dans son infirmité par l’aveuglement des humains ou le nôtre, mais aussi le mort, notre ami Lazare, tous celles et ceux avec lui qui sont morts ou mènent une vie de tombeau, tous sont là pour la gloire de Dieu. « Déliez-le, et laissez-le aller ». Un Autre déliera le Fils, qui partira. Et la vie commencera … si nous tenons la traversée.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Ez 37, 12-14 ; Ps 129 (130), 1-2, 3-4, 5-6ab, 7bc-8 ; Rm 8, 8-11 ; Jn 11, 1-45